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2015-07-05T14:40:35+02:00

Le rdv post op... et ce putain de vrai cancer

Publié par Estelle Lang Trommenschlager
Le rdv post op... et ce putain de vrai cancer

Chers lecteurs, chères lectrices.

Nous arrivons au 15 juin. Cela fait 10 jours que je me suis faite opérer, je suis en pleine forme, je n'ai plus vraiment mal, si ce n'est que je n'arrive toujours pas à dormir sur le ventre, et que je ne peux pas laisser mon bras au dessus de ma tête. Vous me direz que ce n'est pas bien grave mais en fait on se rend compte que c'est handicapant... quand on ne peut plus le faire!

Bref. Cet après midi j'ai rdv avec Dr P pour le contrôle post opératoire, et aussi pour avoir enfin les résultats de l'anapath. Les résultats qui m'amèneront enfin un peu de concret pour la suite. Et puis je vais négocier ma semaine de vacances fin juin / début juillet avant la reprise du boulot, et demander si je peux reprendre le footing... Oui, je suis en pleine forme, et pleine de projets. Et d'espoir. Ca y est je commence à me dire que tout le monde autour de moi a raison quand il me serine que toutes les nouvelles sont bonnes, que je vais juste avoir de la radiothérapie et basta. Ma maman espérait même qu'on finisse par me dire que finalement c'était pas cancéreux ou en tout cas qu'on aurait plus besoin de traitement adjuvant. Elle ne l'a pas dit clairement, mais presque. Moi, je ne pouvais pas me permettre de penser à ça. Mais elle était convaincante et franchement, elle me donnait envie. Bon, elle n'a pas réussi à mettre dans ma tête de réaliste un truc pareil...

Mon état d'esprit se situait aux alentours de celui que j'avais à la fin de mes études d'infirmière. Dernier partiel passé, impression de l'avoir réussi haut la main. Et puis au moment où on va afficher enfin les notes: le doute. Et si je m'étais plantée? Si ça ne s'était pas si bien passé que ça? Là c'était de l'ordre de "et si j'avais raison quand je pensais au tout début que ça n'étais pas qu'un petit rien du tout?" Même si le bilan d'extension était négatif, même si le ganglion sentinelle était sain, même si... Et puis non. Je suis allée là bas le coeur presque léger, en mettant de côté ce voile sombre. De toute façon le sort en était jeté.

16h. Mika arrive, la secrétaire nous annonce un peu de retard. Moi j'ai cours de chant à 17h alors j'espère que je serais quand même à l'heure!

Finalement, il a peu de retard, et nous entrons. Première nouvelle: ce qui a été retiré est suffisant, pas besoin d'y retourner, car les marges sont saines. Le ganglion à la seconde lecture est toujours négatif, je suis donc exempte d'une nouvelle intervention! OUF! J'avoue que je ne l'avais même pas envisagé.

Malheureusement, le reste des analyses n'a pas été reçu encore, il manque des résultats. Et donc on ne saura rien de plus ce soir. Je suis dépitée, désolée, frustrée, et anxieuse... Je les aurais au plus tard vendredi... J'en oublie même de demander pour la reprise du sport!

On passe au contrôle clinique. une petite ponction de lymphe de 10cc, pour le reste tout est ok. Il coupe le résidu de fil qui traîne encore, et c'est bon, je suis à l'air libre. Ca c'est chouette.

Et nous repartons. Franchement, j'ai le moral en berne. J'y avais pensé, à cette éventualité. Mais on nous avait dit 8 jours, ça en faisait 10... Ca m'a vraiment fichu un coup. Heureusement, mon cours de chant m'a permis de penser à autre chose. Mon prof est génial, on a chanté un truc qui s'appelle "le doigt gelé". C'est vraiment très particulier comme style, et j'adore! Si vous êtes curieux, vous trouverez surement sur youtube ;)

Le jour suivant est vraiment long. J'oscille entre impatience, fatalisme, défaitisme, espérance... je suis rongée par l'inquiétude, je fais des rêves, que je vais avoir besoin de chimio, ou au contraire que c'est bon, tout va bien! Je suis désespérée, et prête à appeler vendredi à la première heure Dr P. pour savoir ce qui se sera dit au Staf médical du jeudi soir.

19h30, le mardi soir. Je suis dans ma chambre, je finis juste de prier mon chapelet. Je suis seule du coup, et Mika est en train de mettre les filles au lit. Mon téléphone sonne, et c'est le numéro de mon chir. Je répond, et j'attends les nouvelles, le coeur battant. Et ce n'est pas une expression. Il cogne si fort que la tête me tourne.

Les nouvelles sont mitigées. Tout ce qui a été annoncé de bon l'est toujours. Donc pris à temps, enlevé en intégralité, et pas de dissémination, c'est toujours d'actualité. Mais l'analyse montre un cancer de grade 3. Lorsqu'il me dit ça, je lâche un magnifique "putain" suivi d'un penaud "pardon" deux tons en dessous. Il me dit que le traitement sera peut être un peu plus long qu'annoncé. Je demande: "donc on parle chimio désormais?"

Au téléphone, on fait rarement ce genre d'annonce, mais comme j'ai lâché le mot, il accepte de continuer la conversation. Pour lui, ça sera chimio, avec autorisation pour moi de partir en vacances, mais ordre de rentrer début juillet, parce qu'on va poser un PAC (une chambre implantable, pour effectuer les chimio sans me perfuser à chaque fois). Et que je dois encore passer une écho cardiaque avant de commencer. Il me dit que c'est de la prévention parce que je suis jeune et que cette bestiole est vraiment dangereuse. Il m'informe que mon dossier passera en commission jeudi mais que pour lui on a pas d'autre solution. On parle un moment, puis je raccroche. Les filles sont au lit. Elles m'appellent pour que je vienne leur dire bonne nuit. Je prends sur moi, et tel un automate je vais les embrasser, leur souhaitant de passer une bonne nuit et de faire de beaux rêves. Le coeur n'y est pas. Je suis au bord de l'implosion...

En descendant, je fais signe à mon mari de mettre ses chaussures, et d'aller dehors. Je ne veux pas prendre le risque que les filles m'entendent raconter à Mika ce que je ne suis pas encore prête à digérer, et que je ne peux donc pas leur expliquer calmement.

Nous sortons et là, c'est le trop plein de tout qui sort d'un coup. Je craque. Je pleure en réalisant que toute notre vie va se compliquer grandement dans les mois à venir. Je me noie dans mes émotions, incapable de réfléchir. Je suis anéantie, alors que je savais que c'était une possibilité, et que plus que ça, je m'étais déjà projetée dans la perte des cheveux, dans tout ce que ça impliquerait, il y a bien longtemps. Même qu'à un moment, je me disais que finalement la chimio c'était top parce que si on a oublié un petit truc quelque part, là ça fait le grand nettoyage sur le chemin. Mais à ce moment là, je ne suis plus en capacité de penser de manière positive. J'ai peur. Je suis morte de culpabilité à l'idée de ce que je vais faire vivre à mes proches. J'ai peur de tout, je suis engloutie dans un tourbillon de questions sans fin, mais surtout sans lien, et ça tourne en boucle dans ma tête. La chimio. Finalement, c'est un vrai cancer. Un putain de vrai cancer. Un putain de cancer.

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commentaires
N
Putain ça fait chier bordel !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! <br /> ... Ca fait du bien de le dire ...<br /> Que dire, à part mille tendresses ...<br /> Nine
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T
Et ca me paraît déjà si loin...
A
Oui vest un p**** de cancer de m**,mais il est mal tombé celui là, parce sue toi t'es une sacrée nana,une p*** de tortue ninja...et tu vas le dégommer ce crabe...
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T
et tu sais de quoi tu causes avec les tortues ;) Merci Zaza

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