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2015-08-21T14:16:59+02:00

protocole de sauvetage à distance: activé

Publié par Estelle Lang Trommenschlager
protocole de sauvetage à distance: activé

Chers lecteurs, chères lectrices

Ah, les vacances… temps béni de repos, d’éloignement du quotidien et de tous ses soucis, programmes fait uniquement en fonction de ses envies. Les vacances, les vraies, celles qu’on aimerait ne jamais voir se terminer. Qui d’entre vous n’a jamais rêvé de rester coincé en vacances ? Une avalanche qui bloquerait la route et nous obligerait à continuer à skier pendant quelques jours supplémentaires ? Bien sûr sans causer d’accident grave sur son chemin ! Ou bien un avis qui passe à la radio expliquant qu’il est vraiment impensable de repartir avant la fin du week end pour quelque raison que ce soit. Alors moi, de manière très terre à terre, même si je l’ai souvent souhaité, j’avais toujours en tête que ça risquait de poser un souci au boulot, ou que nous n’aurions plus la location et que nous serions à la rue… et je n’ai donc jamais osé aller trop loin dans ce fantasme.

Nous sommes partis en vacances le lundi 17 aout 2015, dans le sud de la France, chez mes grands parents (pas de problème de location). Avec nos petites puces qui attendaient avec tant de hâte cette escapade, ma marraine qui profitait de la voiture pour rejoindre ses pénates, ma cousine qui était venue passer 2 belles semaines en Alsace avec nous, et son papa et son frère qui sont repassés la chercher en rentrant de Suisse. Une jolie troupe de 9 personnes, dans la meilleure des ambiance, parce que pour les uns les vacances commençaient, pour les autres elles continuaient, le tout sous le signe du soleil et du ciel bleu. Bonheur, serait le mot à employer pour qualifier ce départ.

Le programme serait néanmoins bien chargé car le retour en Alsace était prévu seulement 3 jours plus tard, le jeudi donc. Et il y avait tant de choses que chacun avait envie de faire, de personnes à voir… Le lundi soir, nous avons mangé chez les grands parents, tellement heureux que nous ayons fait le déplacement, et ce malgré les circonstances. Les filles sont parties dormir chez tata girafe, parce que les vacances avec les parents, c’est bien, mais sans eux, c’est trop chouette !!! Et tata girafe, c’est LA tata dont chacun rêve. Dans ma tête, je me disais qu’en prime, j’allais pour une fois pouvoir faire une super grasse matinée, puisque chez mes grands parents, c’est une institution, et que même le téléphone ne sonne jamais avant 11h parce que TOUT LE MONDE sait que papy est une marmotte. Bonheur… jusqu’à 8h15 où… le téléphone s’est mis à sonner !!! Douche froide, coup de stress, branle bas de combat, le temps de trouver le téléphone, mamy était debout aussi, avait foncé sur le combiné, et au bout du fil… personne… RAGE… ces plate formes qui appellent et où ensuite personne ne répond. C’est la nouvelle mode, et bon sang ce que ça peut être exaspérant. RALERIE DU MATIN.

Pas la peine de tenter de me rendormir. Dehors le ciel est magnifiquement bleu, le soleil déjà bien présent, la piscine magnifique, tout est fait pour qu’on ait envie de regarder la nature et ce qui nous entoure, plutôt que de croire que dans nos rêves ça sera plus beau. Ici, c’est le paradis sur terre. Mes grands parents avaient à cœur à leur retraite de s’installer dans le sud pour avoir une belle maison, qui servirait de maison de vacances, pied à terre de toute la famille éparpillée. Je crois qu’ils avaient envie qu’on puisse se retrouver autour d’eux dès que possible. Et au fil des ans, c’est ce qui s’est passé. Il y en a eu des fêtes animées ici. Des cris d’enfants, des jeux de ballons dans la piscine, des discussions sans fin, des parties de scrabble ou papy mettait tant de temps à jouer… mais pour mieux nous exterminer à la fin ! Donc voilà, avec tout ça, ma première grasse matinée aura été écourtée, mais je me sentais bien. Heureuse d’être là.

A midi, les filles sont arrivées avec tata girafe. Piscine, puis repas, et ensuite il faisait chaud, alors on est resté sagement à l’intérieur. Et puis papy devait entrer à l’hôpital à 16h pour subir un pontage fémoral, alors on a profité de lui au maximum, parce qu’ensuite, nous ne pourrions plus le voir avant de repartir. Les enfants n’étant pas admis dans le service, et les cancéreux en chimio non plus… On a regardé des vieux films de famille, on a papoté un peu. Et puis mamy a fait sa valise, et tata girafe les a accompagné tous les deux pour ce séjour programmé mais peu réjouissant tout de même.

Nous, on en a profité pour aller rencontrer ma copine Emma et sa super petite famille. On a passé un excellent moment avec nos 6 gamins, qui se sont bien amusés, à l’ombre dans un chouette parc près d’un lac. Ca fait 20 ans que je viens dans le coin, mais je ne connaissais pas cet endroit magnifique. Si un jour vous allez vers Castelnau, passez par le lac, c’est fabuleux.

Et quand mamy a eu fini d’installer papy à l’hôpital, nous sommes allé la chercher pour aller manger chez tata girafe. Un de ces plateaux de fruits de mer magique dont je rêvais depuis des années, et ma marraine la bonne fée a réalisé mon souhait d’un coup de baguette magique ! Soirée de rêve, partie de franche rigolade, et de l’amour à n’en plus finir. Que demander de plus ? A part une avalanche qui nous empêcherait de rentrer déjà jeudi ?

Mercredi matin, les enfants sont allés faire du poney avec leur cousine. Nous devions enfin faire notre grasse matinée. Bonheur… jusqu’à… 8h45 parce que j’avais oublié de donner les baskets à tata girafe qui a téléphoné pour qu’on les lui prépare ! Deux jours de suite, c’est vraiment le truc improbable ! Bon, ben au lieu de dormir on a trainé au petit déjeuner, et on s’est fait les ongles en famille (sauf Michaël je vous rassure). Ensuite on a été chercher les filles au poney et on est allé manger chez mon parrain qui avait aussi invité les cousins. Une excellente journée, mais plus l’heure avançait, plus le stress montait, car on attendait des nouvelles de l’opération de papy. A 15h30, il était toujours au bloc. On tournait un peu en rond et mamy me faisait trop de peine à attendre comme ça, toute retournée, toute désemparée. Elle a fini par aller s’allonger un peu, et à 17h j’en ai profité pour rappeler l’hôpital. Il était en salle de réveil et tout s’était bien passé. OUF ! Tata girafe a accompagné mamy à l’hôpital et nous, on est allé à la mer avec les filles. Retour à 21h, fatigués mais super heureux de notre dernière journée de vacances. Que pouvions nous rêver de plus, sinon un appel radio général qui nous demanderait de ne pas reprendre la route avant la fin du week end ?

4h30… un mal de ventre terrible me réveil. Je cours aux toilettes et là, âmes sensibles d’abstenir de lire le paragraphe qui va suivre… je me suis vidée. J’alternais entre vomissements et diarrhée. Chaque fois que je me précipitais aux toilettes, je devais rapidement analyser la situation, et savoir ce qui allait sortir en premier… Heureusement pour moi, j’ai toujours eu la bonne intuition. Mais au bout de quelques heures, j’étais épuisée. On devait faire la grasse mat, et là, pas de bonheur… mais le téléphone a quand même sonné à 8h45. C’était papy qui s’ennuyait de nous. Cette fois ci, le ciel bleu m’importait peu, le soleil de même, et je grelottais de froid, pendant que ma température augmentait peu à peu.

Mamy est partie me chercher du vogalib en pharmacie, parce que bien entendu, je n’avais rien pris avec moi contre les nausées. La chimio était loin déjà, et je ne pensais pas en avoir besoin. Heureusement, un comprimé aura suffit à faire stopper les vomissements, et j’ai assez vite pu recommencer à boire. Le problème, c’est la fièvre. Quand on est sous chimio, il y a aux alentours du 10ème jour, une chute des défenses immunitaires, qui rend vulnérable à toute attaque de vilains crobes, et si jamais on a de la fièvre, il faut mettre en route tout un protocole que j’ai appelé « sauvetage à distance ». Dès 38°, je dois appeler mon hôpital de jour, qui me donne les consignes. Ensuite, prise de sang, et avec les résultats, ils décident si je dois me rendre à l’hôpital ou si ils peuvent me donner des antibiotiques en faisant juste une ordonnance à la pharmacie la plus proche. Je ne peux même pas dire que je prends sur moi, que je me secoue, puisque c’est le résultat qui va décider pour moi.

Donc le protocole sauvetage à distance s’est mis en route à 9h30 environs. 38,5°, mal de tête, syndrome grippal avec des courbatures partout, des frissons… je transpirais comme un bœuf et grelottais comme s’il faisait -10°… Et puis il a fallu attendre. Il n’était pas loin de 16h quand on a su que j’étais en aplasie, avec une neutropénie qualifiée de sévère… et que l’option choisie par le médecin de l’hôpital qui me suit était de m’envoyer aux urgences les plus proches. Les urgences… Chouette, le boulot me manque tellement… Sauf que les urgences, c’est l’endroit idéal pour attraper aussi tous les microbes des gens qui sont là en même temps que moi ! Et puis j’étais vraiment pas bien, je tenais à peine sur mes jambes… et dehors il faisait tellement chaud…

A Montpellier, il y a un centre spécialisé en cancérologie. J’ai demandé à ma marraine de me conduire là bas. Il n’y a pas de service d’urgences mais comme depuis le début de mon aventure, et je suis sure que je l’ai déjà dit mais ça nécessite de le redire, je suis tombée sur des gens extraordinaires. Depuis la personne qui était à l’accueil et qui a immédiatement décroché son téléphone pour tenter de m’orienter, à l’infirmière qui a pris mes renseignements, jusqu’au médecin…

Ce médecin… un envoyé du Ciel. Accueillant, chaleureux, rassurant, gentil, doux, compétent… et que dire encore ? Une belle personne. Une personne qui m’a touchée au plus profond de mon cœur.

Il commence par me demander quels sont mes symptômes. Je lui décris : vomissements, diarrhée, maux de têtes, syndrome grippal, fièvre supérieure à 38,5° et lui communique mon bilan sanguin. Première question : « vous n’auriez pas mangé des fruits de mer il y a deux jours par hasard ? »… comment il sait ça lui… bien sûr je lui dis que si… Il me répond que c’est LE truc à ne jamais faire pendant une chimio. Merveilleux ! Je lui explique que je viens de Mulhouse, et qu’en Alsace on ne pense pas que les gens sont susceptibles de manger des coquillages. Mamy avait raison, elle en avait parlé tout de suite, et moi je lui avais dit que je ne pensais pas, puisqu’en général on est malade tout de suite après si on doit l’être. En prime, c’était tellement bon, tellement frais !!! Mais bon… avec la chimio, et surtout en période d’aplasie…

Pour lui, c’était rassurant que ça soit la cause de mon état. On préfère ça qu’une infection plus sérieuse. Et il m’a examinée et mise sous antibiotique. Pas d’hospitalisation, je ne vous dis pas comme je suis soulagée ! Mais par contre, j’ai eu le droit à… l’avalanche et l’appel radio, car interdiction de partir avant que tout se soit normalisé. On surveille l’évolution « comme le lait sur le feu » dixit ce merveilleux docteur. Prise de sang tous les matins jusqu’à ce qu’on soit sur que tout rentre dans l’ordre. Et prescription de pyjama et de repos, en plus du traitement médicamenteux.

La nuit qui a suivie a été pour le moins chaotique. Malgré le paracétamol et les antibio, j’ai eu de la fièvre toute la nuit, avec cauchemars, transpiration, frissons et douleurs diffuses. Et ce matin… grasse mat… jusqu’à 8h30 mais pas de coup de téléphone ! Je me suis réveillée sans fièvre, sans mal de tête, sans troubles digestifs, et la douche a achevé de me remettre d’aplomb. Je me sens ressuscitée.

Vous en avez rêvé ? Je l’ai fait pour vous. Les vacances qui n’en finissent pas. Le ciel bleu, le soleil, la famille… j’ai ajouté ma touche personnelle, et il n’y a pas eu de dégâts collatéraux lors de l’avalanche. Si ce n’est, et j’en demande pardon à mon entourage, le stress que je leur ai occasionné. Mais quelle équipe ! Je vous remercie, et je vous aime infiniment. Et pour couronner le tout, papy a pu se lever aujourd’hui. Il a mal, mais tout s’est bien passé. Et pour le coup, malgré son pontage, il ne m’a pas totalement volé la vedette !

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commentaires
M
Je te lis de loin depuis le début et c'est un vrai plaisir!! Continue cet optimisme c'est génial!! C'est rigolo, je suis de l'IFSI de Mulhouse et j'habite à Castelnau, tout près du Crès ;) Le monde est petit!<br /> Je t'envoie mille baisers de courage
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T
merci beaucoup maeva! Oui le monde est tout petit je m'en rend compte chaque jour!
M
Même si j'ai vécu tout ce stress......te lire avec cet humour est extraordinaire !<br /> Bon cette fois faut que je m 'occupe sérieusement de la soirée !!<br /> Gros bisous ma chérie !!
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T
Merci d'avoir été avec moi
D
Je n'avais pas tout compris de tes mots techniques sur facebook mais ici tout est bien expliqué ! Je vois que tout s'est bien terminé et tant mieux ! Les fruits de mer, quelle idée !!! ;) <br /> Rassurée que ce ne soit que ca également ! Et les vacances prolongées c'est chouette aussi même si en bonne santé, ca doit être mieux ;)
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T
Quand j'en aurais fini avec toute cette histoire je ferais une interro écrite pour voir si tout le monde a suivi ;)
T
Que dire, que tout est bien qui finit bien si j'ose .... disons moins pire et merci Seigneur. Tu mérites tout le meilleur du meilleur et bravo à tous ceux qui t'entourent avec tout leur Amour, de près et de loin. Mille bisous guérisseurs.
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T
La preuve: j'ai eu la joie de l'écrire :)

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