Histoire d'horreur - tortue Vs crabe, le cancer et après

Chers lecteurs, chères lectrices

Attention, si vous avez une âme sensible et le cœur fragile, passez votre tour. Ce que je m’apprête à vous révéler relève de l’histoire d’horreur plus que d’une histoire pour rire. Mais puisque cela fait partie de ce genre de choses qui peuvent arriver, je me sens obligée de vous en parler.

Depuis quelques temps, j’ai droit à 2 séances de kiné par semaine, pour drainer l’œdème qui persiste au niveau de ma poitrine. Pour que vous compreniez, alors que mon opération date d’il y a 3 mois déjà, mon sein droit est dur comme un morceau de bois, et le gauche à peine moins. Et pour que croco puisse continuer la reconstruction, il faut que tous les tissus s’assouplissent. Bon, ben c’est pas gagné, mais Thomas-le-kiné, trouve que ça évolue de manière positive, alors je l’écoute. En plus de ça, j’ai repris le sport, avec la course à pieds, la marche, le vélo d’appartement, et… la natation. Et ça, c’est efficace sur mon moral, sur mon régime, sur ma forme en général, et normalement, sur l’assouplissement de mes tissus, aussi. C’est le côté sympa de l’histoire.

Parlons maintenant de mon sein droit, le « dur comme du bois ». Il avait déjà mis plus de temps à cicatriser que le gauche. Ensuite, comme c’est celui qui a été opéré, irradié, opéré et réopéré, il a l’air de ne plus en pouvoir. Alors j’aurais dû me douter que ça n’allait pas tout d’un coup devenir simple. Mais quand juste au-dessus de la cicatrice ma peau a commencé à rougir, j’ai commencé à me méfier. Puis quand dr P, bon on va l’appeler par son petit nom aussi, y a pas de raison… donc quand Puypuy a lui aussi évoqué l’infection et m’a collé des antibio pour une semaine avec la consigne d’appeler croco en sortant de chez lui, j’ai clairement vu le vent tourner. Concrètement, je n’ai aucune sensation donc pas de douleur. Je suis donc allée chez croco qui m’a ponctionné avec un trocard qui pourrait sembler énorme mais… non, je ne sens vraiment rien, alors… Mais il n’a rien trouvé. Donc prescription d’antibio maintenue, et puis on fait le point plus tard. Sauf que le lendemain, Thomas-le-kiné me fait remarquer que ça a vraiment enflé, la peau devenant translucide et violacée. Merdouille. Bon, pas d’inquiétude je suis sous couverture antibio. Et puis j’ai piscine. Alors j’y vais. Et le soir même, je me transforme. Pas en loup garou, car ce n’est pas encore la pleine lune. Pas en vampire non plus, ni même en monstre. Mais je décide de passer à l’action parce que cette poche que je sens sous mes doigts, qui a réellement pris un volume effrayant et une couleur non moins avenante ne me plait pas. Plongeon la tête la première dans la trousse de secours, d’où je sors une lame de bistouri, un paquet de compresses, et du désinfectant. Et après avoir pris une douche, je désinfecte correctement le site opératoire, et à l’aide de ma lame, j’incise pile au milieu de l’endroit stratégique.

C’est à ce moment-là que ça devient gore, alors âmes sensibles s’abstenir et passer directement au chapitre « ils se marièrent et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours ».

Donc j’incise, et là, horreur, commence à s’écouler du pus, épais et jaune, genre purée mousseline, en quantité incroyable. C’est bien simple, je mettais une compresse après l’autre en dessous de la plaie pour recueillir la substance, et en massant légèrement, j’en ai utilisé au moins 20. J’ai bien cru que ça ne s’arrêterait jamais.

En bonne soignante que je suis, j’ai vraiment bien nettoyé, bien désinfecté, et appliqué un pansement. Et après, alors que je me remettais avec difficulté de mes émotions, j’ai envoyé un message à croco pour lui raconter mon histoire d’horreur, et lui demander quelles étaient les consignes pour la suite. Alors lui, dans le genre réactif, il est juste incroyable. Sans rire, dans la minute, il m’avait déjà filé un rencard pour venir le voir genre immédiatement. Ce qu’il ne sait pas, c’est que j’avais déjà mis mon pyjama snoopy et mes chaussons Minnie, mais bon, je me suis rhabillée, et j’ai rappliqué dans le quart d’heure à son cabinet. Vous en connaissez beaucoup des médecins qui à 19h30 ont encore leur cabinet bondé, et vous donnent quand même la possibilité de vous intercaler entre deux rendez-vous pour ne pas laisser moisir les situations ? Ben croco est de ceux-là, rares mais vraiment épatants. Et donc me revoilà allongée sur son fauteuil, et cette fois ci, il a sorti la grosse artillerie. Plus de trocard, mais une belle lame brillante. La même que moi. Sauf que moi, j’ai fait un petit trou, et que lui… il a fait une belle incision. Comme j’avais vraiment été extrêmement méticuleuse, il n’a plus retrouvé de saloperie dans la plaie, mais il m’a demandé de mécher pendant 3 jours pour éviter que ça ne reparte de plus belle, et ensuite de lui envoyer un selfie dans 1 semaine pour vérifier l’évolution. J’adooooore sa façon de bosser. Surtout qu’il dit toujours qu’en cas de besoin je peux rappeler pour passer, et je sais que lui comme ses infirmières sont super réactifs.

Alors pourquoi ça s’est infecté ? Déjà la peau irradiée laisse plus facilement passer les germes. Ensuite, c’était à peine cicatrisé en surface alors à l’intérieur tout est encore bien fragile et sensible. Et puis le massage manuel n’a pas aidé, et la piscine et ses germes ont probablement achevés le processus.

Conclusion :

Je suis privée de piscine
Je suis privée de kiné à droite
Je dois de nouveau refaire mes pansements
J’ai le bide explosé par le traitement antibio

Mais :

La plaie est propre et recicatrise bien
On a réagi à temps je pense et évité que ça n’empire
Je suis toujours une bonne infirmière, même si c’est moi la patiente
Ca me fait encore une histoire à raconter, comme si j’avais besoin de ça !

Pour les plus courageux d’entre vous l’histoire s’arrête ici. Pour les autres…