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2021-04-08T17:27:59+02:00

Chroniques d'une tortue encloisonnée J-08

Publié par Estelle Lang Trommenschlager

Chroniques d’une tortue encloisonnée

J-08

 

Vous vous souvenez de votre nuit de noce vous ? Jeune première, vous avez rêvé cette 1ère nuit comme d’un conte de fées… Dans l’attente de devenir femme, au creux des bras de votre prince charmant (là, qu’on ne se trompe pas, je ne parle pas d’Imovane). Une première nuit, dans ce qui deviendra votre nid. Cette première nuit loin de vos parents, sans votre ours en peluche. Sans bonnet de nuit, et avec des dessous en dentelle, on se demande bien pourquoi, puisqu’ils ne devraient pas faire long feu, mais c’est un autre sujet. Ça, c’est en théorie, quand on a pas testé la marchandise avant, histoire d’être sûre qu’il n’y a pas de vice caché. Bref, quand on a pas vécu ensemble avant de se dire oui, devant le maire, le curé, et tout le village. Et pour qu’on vous raconte cette version, il faudra vous adresser à quelqu’un d’autre. Allez, salut !

Je me souviens de notre mariage. C’était vraiment un jour magnifique, mais avec le recul, tellement de stress quand on sait que ce qui est vraiment important est ce qui se passe au quotidien, que ça semble démesuré. Encore aujourd’hui, je regrette d’avoir eu l’estomac si noué, que je n’ai rien pu avaler avant le fromage, de ce festin qui était servi. Mais quel beau jour. J’aime tant m’en souvenir !

On avait choisi de laisser notre maison à nos invités, et de passer notre nuit de noce dans un hôtel. Ce n’est donc que le lendemain en fin de journée que nous avons regagné nos quartiers. Et là, une fois rentrés, tous les deux, (on avait pas encore d’enfant ! ah bon, y a un jour où on avait pas d’enfants ??? Ca je ne m’en souviens quasiment pas !) je me suis assise sur le même canapé que la veille. J’ai regardé autour de moi, rien n’avait changé. On a mangé un morceau devant la même télé, et on est allé se coucher dans la même chambre, le même lit. La seule différence ? C’est cet anneau autour de nos doigts, que je trouvais aussi gênant qu’aujourd’hui faisant partie de moi. Et ça m’a angoissé. Qu’est ce que ça voulait dire ? Il s’était quand même passé un évènement incroyable, de ceux qu’on est censé ne vivre qu’une seule fois dans sa vie ! Pourquoi je trouvais bizarre cette routine qui reprenait sans qu’on réalise vraiment qu’on avait basculé dans un autre monde ? C’est pourtant un engagement qui nous semblait primordial dans notre relation !

Pourquoi je vous raconte ça ? Ah oui…

Le 30 mars, Mika a été testé positif au Covid. Et depuis, nous faisons chambre à part, table à part, repas à part, tout à part. On porte le masque dans la maison quand on se croise, on passe notre temps à réfléchir pour ne pas toucher les mêmes objets, risquer que je puisse être contaminée. On a viré les enfants chez leurs grands parents avant même que le papa puisse être contaminant, bref, on a instauré des règles de dingues. Et la sécu, super organisée, nous a vraiment bien accompagnés. Mika a reçu la visite d’un infirmier, pu faire une visio avec son médecin traitant, des ordonnances ont été directement envoyées à la pharmacie, il a eu 30 masques chirurgicaux, et plus important : sa date de guérison ! Oui, messieurs dames, le 7 avril Mika serait guéri, c’est stopcovid ET la sécu qui l’ont dit !

Moi, j’ai eu un entretien avec la sécu, par rapport à nos filles, qui ont dû faire un test 7 jours après leur dernier contact avec leur papa (et ouf, c’était négatif !), qui pouvaient de fait rester chez les grands parents sans contact avec nous, et ce jusqu’à ce que leur papa soit guéri… et que maman soit restée une semaine de plus en quarantaine des fois que ce con de Covid ait trouvé l’entrée de ma chambre juste le 6 avril au soir in extremis.

Et cela nous emmène à hier. Dernier jour de maladie. Ok. Alors quoi, y a une heure aussi ? Ca va avec le couvre-feu ? Bon, par principe, on fera chambre à part une nuit de plus.

Et ce matin, nous sommes donc le 8. Mika est supposé « safe », et en plus, immunisé contre son propre Covid qui aurait pu me contaminer. Mais en allant prendre ma tasse à café, je ne savais pas trop… on se dit bonjour comment ? Déjà, on a pas mis les masques. Première approche… J’ai osé poser ma tête brièvement contre son dos. Outch… Ben on a pas encore mis la langue, je vous le dis !

Puis il est parti travailler.

Faustine avait décidé que le jour où papa serait guéri, il devait venir lui faire un gros câlin. Elle l’avait raconté à tout le monde comme une évidence. Alors ce soir, on s’est posé la question : est-ce que c’est raisonnable ? Est-ce qu’on ne devrait pas attendre encore un jour ou 2 ? Et quand Mika est rentré du travail, on s’est souri, mais… ni lui ni moi n’avons osé nous embrasser. Il est parti courir, ira peut-être voir les enfants, il me racontera comment ça s’est passé…

Le mariage est passé. C’était le 7. Jusque-là, on avait seulement rêvé la bagatelle, comme un conte de fées. Mais quand est venue la nuit de noce, c’est la gêne et la timidité qui ont mené la danse. La gaucherie, et l’absence d’assurance. Finalement, la nuit de noce sans avoir testé la marchandise avant, ce n’est pas si confortable. Même si on a au moins la certitude qu’on a fait les choses dans le bon ordre. Je ne devrais pas dire ça, mais en vivant cet épisode, je me dis que… j’aurais au moins évité cette étape il y a 15 ans !

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