Mes filles, ma vie!

Chers lecteurs, chères lectrices.

Je vous ai raconté l'annonce de ma maladie à tout le monde. Sauf à celles à qui j'appréhendais le plus de le dire. J'ai cité: mes filles.

Chloé, 9 ans, Elise, 8 ans, et Faustine, presque 3 ans... 3 âges et 3 personnalités différentes, et tout autant de manière de leur dire à adapter.

J'ai pris mes renseignements auprès de la psy du boulot, une femme épatante qui s'est donné du mal pour m'avoir des références littéraires sur lesquelles me raccrocher. J'ai lu et consulté pas mal d'articles sur le net. Je me suis approprié les conseils qui me parlaient le plus, j'ai trié les infos, récupéré des livres d'enfants... et j'aurais pu continuer ainsi longtemps. Mais je crois qu'on est jamais prêt à sauter cette étape.

Alors un dimanche après midi, alors que j'avais bossé toute la matinée, on s'est lancé.

On avait choisi d'aller se promener pour être dans un cadre un peu neutre, et pour en même temps leur permettre de se changer les idées. Chloé voulait emmener sa trottinette ou ses rollers. Quand je lui ai dit qu'on ferait ça une autre fois, ma petite adolescente en ascendance a décrété que "ça ne servait à rien d'aller se promener alors et qu'elle allait s'ennuyer". On a été obligé de leur dire que si on voulait aller se promener là, maintenant, c'est parce qu'il fallait qu'on leur parle de quelque chose d'important.

J'ai pris Faustine en écharpe, elle me réclamait un portage ventral pour faire un câlin, et ça, j'avoue que ça m'a bien arrangé. Et de fait, on est allé droit au but.

"J'ai été chez le docteur parce que j'ai une boule sur le sein, et il va falloir que je me fasse opérer pour l'enlever. Donc je vais aller bientôt à l'hopital, pendant quelques jours." Et on a laissé venir les questions.

Faustine: "maman, tu as une boule sur le néné?" Oui ma chérie et on va me l'enlever, mais après je ne pourrais plus trop te porter parce que ça va me faire un peu mal. "Pas grave maman, je marcherais alors"...

Chloé: "Donc cette boule on l'enlève et ensuite tu es guérie?" Non, après je devrais avoir un traitement, ça va me fatiguer un peu, et seulement après je serais guérie. Mais avant ça on va analyser cette boule, voir ce qu'elle raconte, pour décider quel traitement sera adapté pour me guérir.

Elise: "Et si on ne l'enlève pas, ça fait quoi?" Ben on ne peut pas la laisser, sinon ça devient dangereux. "Mais si on ne l'enlève pas ça donne quoi comme maladie?" Un cancer... " donc là tu n'as pas le cancer?" Là pour le moment, c'est un petit cancer. Mais le cancer ça se soigne, donc on va me l'enlever et me donner des médicaments pour me guérir.

Chloé: "c'est tout, on peut rentrer maintenant?"

Les enfants sont assez incroyables.

Le soir on est allé au resto. Les enfants ont trinqué à "ma boule", et elles ont commencé à me poser des questions avant d'aller au lit. Chloé de manière tras pragmatique a voulu savoir comment et quoi, ça a eu l'air de la rassurer. Elise a fondu en larmes me disant qu'elle avait peur d'avoir elle aussi un cancer et qu'elle ne voulait pas que je meure... Je l'ai rassurée comme j'ai pu en lui promettant la transparence totale sur la suite, et en lui assurant que je ne risquais rien en l'état actuel des choses. Quant à elle, qu'elle était trop petite pour penser à ça, que c'était une maladie la plupart du temps chez les adultes, et qu'elle ne devait pas s'inquiéter.

Faustine m'a ensuite régulièrement demandé si j'avais mal.

Et elles ont voulu toucher la boule, ce que j'ai accepté parce que c'était important pour elles.

Ce blog, c'est beaucoup pour vous mes filles chéries que je l'écris. Pour que vous vous rappeliez que c'est grâce à vous que j'ai été courageuse. Que c'est pour vous que j'ai l'intention de gérer au mieux mes traitements, et parce que je ne veux pas que ma maladie devienne votre fardeau.

Je ne supporte pas bien l'idée de voir votre enfance bouleversée, et j'ai mal de vous prendre bien malgré moi, votre innocence. Alors pour vous, je mets tout cela en lumière, et en couleur. Je ne veux pas que que soit quelque chose de triste. C'est un passage! C'est une tranche de vie. Et qui sait, on en ressortira peut être tous plus fort et plus soudé, si tant est que ça soit possible!