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Chers lecteurs, chères lectrices
Me voici à distance déjà de la seconde chimio qui a eu lieu le 5 août 2015. Je viens vous raconter tout ça, avant de partir quelques jours en vacances que j'estime bien méritées.
Le chapitre commence déjà un peu avant le jour de l'injection. Parce qu'un jour comme ça, ça se prépare sur un certain nombre de plans. Un peu comme avant de partir en voyage, avec des choses à régler vite fait avant de s'en aller, des trucs qu'on préfère ne pas avoir à retrouver en rentrant. C'est comme ça que j'ai fait plusieurs machines à laver, dont les draps de toute la famille, et que la veille tout était à sa place dans les armoires à linge. J'ai aussi fait un bon coup de ménage partout dans la maison, et enfin rangé et trié la chambre d'Elise, la seule que je n'avais pas encore faite cet été. Et puis j'ai organisé le séjour de mes filles chez mes parents qui me les gardaient, comme pour la première chimio, dans le but de leur occuper l'esprit, et pour que je puisse me reposer, sans avoir à me préoccuper de leur faire à manger, de l'heure de leur coucher, ou de faire bonne figure si je n'en ai pas envie. En plus cette fois ci les cousins sont là, alors ça va être la fiesta chez maminou et zazou!
Tata girafe, ma marraine au grand coeur, est là aussi. Elle est restée pour passer du temps avec nous, et pour faire du tortue sitting. Avec elle, pas de gêne, je pourrais être moi même. Bien ou pas, elle va gérer, elle est à fond dans son rôle, et je suis en confiance. Mika travaillera encore cette fois ci, et il pourra y aller sereinement car je suis encore une fois bien entourée.
Qu'ai je oublié? J'ai mes médicaments, je commence ma cure d'homéopathie à J-3 comme prévu, et je laisse tomber les huiles essentielles et l'aloe vera. Parce que rien que de sentir leurs odeurs respectives ça me rappelait les jours de nausées de la dernière fois.
Et puis on a profité à fond des derniers jours. Le dimanche soir: fête forraine. On est rentré à 23h. Lundi, journée manucure. J'ai fait les ongles de toutes les nenettes de la maison: Chloé, Elise, Faustine, Maminou, tata girafe, et accessoirement, les miens. Je me suis éclatée, et la journée a passé bien trop vite. Mardi matin, on est allé faire les magasins et j'ai trouvé les tenues de rentrée scolaire pour mes 3 miss. Ensuite resto avec 2 supers amies, on est allé manger des sushis. Une petite sieste, et je suis allée chercher mes cousins à la gare. Le soir, les vacances ont commencées pour les filles, et tata girafe s'est installée dans ses nouveaux quartiers.
On a regardé un film et j'ai dormi de manière un peu épisodique. Mes rêves étaient peuplés de rêves, pas désagréables mais étranges. Je crois que le stress était au rdv.
Le décor est posé, j'ai vraiment fait tout ce que j'avais à faire, je n'ai rien qui m'empêchera de me reposer dans les jours qui viennent. Et malgré le fait que je ne sois plus dans l'inconnu de la première fois, je suis presque plus nerveuse. Je pense bien savoir pourquoi. Cette fois ci je dois y aller toute seule. On a le droit de m'emmener et me chercher, c'est même fortement conseillé, mais ensuite, je dois faire comme une grande, et assurer mon rôle d'un jour. Mon papa ne sera pas là avec le livre de mots fléchés, et il ne pourra pas me tenir la main quand je serais en train de recevoir la grenadine. Oui, je sais, la dernière fois tout s'est très bien passé. Oui, je sais que j'ai vraiment bien supporté le produit, et qu'il n'y a aucune raison que ça en soit autrement cette fois ci. Mais voilà, j'ai peur. Et tous ces gens qui m'aiment, qui me soutiennent, qui me suivent, pensent à moi, m'envoient des milliers de messages de tendresse et d'encouragement... tous ces gens là attendent avec impatience que je leur dise: ça y est, c'est fait, et tout s'est bien passé. Et vous savez quoi? Rien ne me ferait plus plaisir que de le faire. Mais là, ce jour là, je dois avancer seule.
Arrivée à 11h45. Je retrouve ma copine canadienne, on papote et c'est déjà l'heure de piquer mon PAC. Et puis je reçois mon anti émétique et ma cortisone, et je sais que ça y est c'est partit. La grenadine... juste avant je craque et je prends un anxiolytique. Je crois que ça m'a apaisé un peu, disons que ça aurait surement été pire si je ne l'avais pas pris. L'injection se passe parfaitement bien, quelques bouffées de chaleur, mais rien de plus. Et c'est déjà fini. Il me reste encore 2 produits mais le plus impressionnant, c'est sur, c'est celui qu'on vient t'administrer avec des lunettes de sécurité et tout un attirail, comme dans le film "alerte", avec Dustin Hoffmann.
Comme par enchantement, et rappelons que je ne crois pas au hasard, mais plus aux messages et aux signes, vient à ce moment là la socio esthéticienne. On papote un moment, maquillage et ongles, et ça me permet de passer par dessus ce moment de stress. Whaou, je me sens à nouveau bien, sereine, et en plus en pleine forme!!!!
Dans la foulée je fais la connaissance de quelqu'un qui me tape immédiatement dans l'oeil. Une petite nouvelle. Moi je peux rouler des mécaniques, je sais déjà comment ça marche, j'ai déjà tout vu tout vécu, et en plus j'ai déjà perdu mes cheveux, preuve que je suis dans la cour des grands. Elle, c'est sa première fois. Ca se voit au fait qu'elle est accompagnée de sa maman, et qu'elle a, bien sûr, encore ses cheveux. Oui, vous voyez, je suis déjà experte es chimio.
Je la regarde d'abord, on échange quelques sourires un peu timides. Et puis je finis par l'aborder. On entame la conversation, et il se trouve qu'on partage quelques points communs. Même cancer, même protocole, même profession aussi. Et même une ancienne élève infirmière en commun. La vie est drôle parfois. Souvent je dois dire. Moi, je me marre bien avec la vie. Je tente de rassurer ma nouvelle copine, ainsi que sa maman, parce que je peux imaginer ce qu'elles ressentent. Même si chacun vit la situation de manière ultra personnelle, il y a des choses qui sont semblables. Et je n'ai qu'une envie, l'aider à passer le cap. Elle a l'air pleine de peps, je crois qu'elle va me battre en matière de gestion. J'espère vraiment que ça ira aussi bien pour elle que pour moi.
Ma cure est terminée, et ma maman, tata girafe et Faustine viennent me chercher dans la salle. Je lance à la cantonade: "regardez, je vous ai fait venir un peu de jeunesse ici". Et ma puce a fait l'unanimité. Elle a été sage comme tout, sociable, gentille, un vrai rayon de soleil. Et en partant, j'ai invité ma nouvelle amie à me rejoindre sur facebook, en lui donnant mon nom.
La journée s'est bien passée, j'ai mangé en rentrant, je suis ensuite allée me reposer chez moi avec tata girafe. J'avais plutôt la forme. Des nausées très supportables et j'ai pu remanger le soir. La nuit a été un peu courte, mais je n'ai pas été malade. Et le lendemain, j'ai pu passer la journée avec toute la famille, manger avec eux, et je ne suis rentrée que dans l'après midi pour me reposer à nouveau. C'est là que les nausées ont vraiment commencé. Et elles ne m'ont plus quitté pendant quelques jours.
Le fait de se sentir patraque, ça mine le moral. Même si je savais que c'était transitoire, la patience commençait à me quitter. Et le 3è jour j'ai commencé à râler. Et croyez moi sur parole ou demandez à mon mari, je sais suuuuuuuuper bien râler quand je m'y met. J'ai essayé de prendre sur moi, de trouver des trucs pour me changer les idées, et on a pas mal joué de la guitare en chantant pour passer le temps. Ca marchait bien, mais ensuite, les nausées revenaient au galop.
Il me semblait que pour la première cure, une fois le week end passé, c'était terminé. Là, ça a duré plus d'une semaine. je dirais 8 ou 9 jours, et ce n'est que le week end qui a suivi où je me suis vraiment sentie bien.
Qui dit patience et moral en berne dit chez moi angoisse au rendez vous. J'ai été contrainte de reprendre des anxiolytiques pour passer le cap. Ma psy a eu beau me dire que je ne devais pas hésiter, j'ai d'abord essayé de gérer la situation par moi même. Mais parfois il faut aussi accepter ses limites et là, on les dépassait allègrement par moment.
Franchement, aujourd'hui, je vais bien. Nous sommes au 11ème jour post cure, vu l'heure qu'il est on attaquera même bientôt le 12ème. Et à part que j'ai dormi une bonne partie de l'après midi parce que j'étais vraiment très fatiguée, tout va super bien! Un moral d'enfer, une énergie plutôt pas mal, et en prime demain le départ en vacances pour quelques jours dans le sud chez mes grands parents. Je pense que la fatigue c'est le moment de la neutropénie, et je croise fort les doigts pour ne pas attraper un microbe durant cette période délicate. Mais j'y crois, et je compte vraiment profiter de cette semaine en famille pour reprendre des forces pour affronter la dernière FEC le 26 août. La dernière chimio de ce protocole. La moitié du traitement. Finalement, ça passe assez vite. Et je serais contente quand je pourrais barrer cette échéance sur le calendrier.
Voilà comment j'ai vécu ma seconde chimio.
Si je pouvais faire un vœu pour la prochaine, ce serait de ne pas être si stressée... arriver à lâcher prise. Je suis sure que je n'en vivrais que mieux les effets secondaires. Ceci dit, je crois que je ne peux pas me plaindre. Du moment qu'on me laisse un minimum râler! Et puis, j'ai rendez vous avec Valérie. Nous sommes maintenant amies sur facebook et on va se revoir toutes les 3 semaines jusqu'à fin octobre. Elle a apparemment bien passé le cap, et elle n'a plus de cheveux non plus. La prochaine fois, on sera deux à rouler des mécaniques pour accueillir les petites nouvelles!
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