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2015-10-18T16:12:51+02:00

La clé du bonheur

Publié par Estelle Lang Trommenschlager
La clé du bonheur

Chers lecteurs, chères lectrices

A l’heure où on ne voit que des atrocités à la télé, où on entend parler que de drame et de misère à la radio, et où en se promenant dans la rue on sent de l’électricité dans l’air, j’ai le sentiment d’être parfois en total décalage avec mon environnement. Et je me demande s’il n’y a vraiment rien de positif dans cette vie, dans ce monde dans lequel nous évoluons ?

Le matin, quand je me lève, une des premières choses que je fais, c’est de consulter mes mails, et mon compte facebook. Après avoir fait pipi et m’être brossé les dents, mais pour dire, c’est tout de même un réflexe conditionné, faisant partit du rituel de début de journée. Et je suis très étonnée de trouver, et ce n’est pas nouveau, si peu de statuts enjoués, positifs, encourageant, donnant envie de se lever avec le sourire, la joie au cœur, l’envie de démarrer la journée dans la bonne humeur. Au lieu de ça, de l’agressivité, des règlements de comptes, la plupart du temps s’adressant à une personne sans la nommer, et tellement de haine crachée que je me sens presque touchée. Des mots provocateurs lancés à la cantonade, ne me visant pas, mais réussissant presque toujours à me mettre mal à l’aise. Des messages qui se veulent mystérieux mais qui ne tardent pas à devenir explicites par les réponses aux commentaires qui bien entendu ne trainent pas. Des statuts tristes, plaintifs, comme quoi la vie est triste, moche, déprimante, et que rien ne vaut de la vivre. Des images de misère, d’animaux maltraités, d’enfants battus, inondent les « murs » virtuels jour après jour. Les flash infos ne montrent que guerre, famine, politiciens malhonnêtes, catastrophes naturelles… Et même les articles qui devraient nous faire du bien, sont tournés en négatif : les resto du cœur ? se font du fric avec les concerts des enfoirés. Les sacs de riz dans le tiers monde ? sont détournés de la banque alimentaire. Les bonnes intentions en tout genre ? ne sont en fin de compte qu’une ruse de plus pour tenter de faire avaler des couleuvres aux gens naïfs. C’est en tout cas ce qu’une majorité de personnes clame haut et fort, du matin au soir, et du lundi au dimanche. La théorie du complot. Le tout va à vaut l’eau. Sur ce, allons vite prendre une corde et nous pendre…

Dieu que le monde est triste.

Allez, à mon tour de vous plomber le moral. Moi, j’ai le cancer. Un vrai cancer, avec des pinces, une sale gueule, un qui fiche la trouille le jour où tu fais sa connaissance, et qui ne va pas se sauver si tu claques des doigts. Un qui peut tuer, un enfoiré de cancer qui me donne le droit, moi aussi, de mettre le matin de bonne heure un statut visant à effrayer la société, et surtout, surtout, qui me donne le droit de rivaliser avec ce que vous vivez de dramatique, dans votre quotidien. Chouette, je suis des vôtres dans le concours de qui a le plus de galères dans sa vie, qui a le droit d’être le plus déprimé, anxieux, fataliste… Merci, toi le cancer, de me propulser à cet endroit. Sauf que moi, je n’ai jamais eu envie de participer à tout ceci. Moi, avant de te connaître, je vivais dans les nuages, chez les bisounours. Tu connais ces jolis nounours qui lancent des cœurs ou des gâteaux avec leur ventre ? Qui voient la vie du bon côté, qui chantent toute la journée, et qui se laissent bercer par les jolies choses de la vie, et non celles qui font s’assombrir le ciel ? Qu’est ce qu’on a pu se moquer de moi, la grande naïve au cœur d’artichaut, qui a tendance à aimer un peu tout monde sans condition, et qui de fait se fait parfois avoir. La fille sympa mais qui n’a rien compris à la vie, qu’elle croit belle alors qu’elle est si cruelle et si dure. Maintenant, grâce à toi, cancer, j’ai aussi le droit de me plaindre de tout ce qui est injuste, ce qui est triste, ce qui ne me plait pas, ce qui m’agace. D’ailleurs je pourrais même me plaindre du temps qu’il fait : trop chaud en été, trop froid en hiver, trop mouillé en automne et trop doux au printemps. Grâce à toi, cancer, j’ai le droit de faire la gueule en me levant le matin, je n’ai plus besoin de me trouver une autre raison, tu es valable sur le long terme. Merci. Je suis des vôtres.

Sauf que non.

Je suis et je reste un bisounours ! Cancer ou non, je vois la vie en rose. En ce moment, en ruban rose, mais c’est toujours du rose ! Cancer ou non, je suis heureuse de vivre. De me lever le matin, et de me coucher le soir. Et de tout ce qui se passe entre temps. Cancer ou non, je me réjouis de voir le soleil, la neige, la pluie, les arbres en fleur et les feuilles rouges qui tombent en automne. Cancer ou non, j’aime les gens au premier abord, et je me prends parfois des déconvenues. Mais si vous voulez le savoir, pas tant que ça, compte tenu du nombre de personnes croisées. Cancer ou non je rejette l’idée de la noirceur de l’homme. Je crois qu’il a un bon fond. A l’image de celui que Dieu a créé. Cancer ou non, ma naïveté me convient, parce qu’elle m’empêche de devenir une personne aigrie, sans espoir, pleine de préjugés. Cancer ou non, je ne pourrais pas être des vôtres. Je suis, et je reste un bisounours.

Ce que le cancer aura changé en moi, ce ne sera pas ma vision de ce monde. Il se passe effectivement des choses terribles. Ces catastrophes naturelles auxquelles on ne peut rien en amont… mais après, cette solidarité qui se met en place parmi les habitants, des hommes et des femmes qui veulent croire que le jour d’après le soleil se lèvera à nouveau, n’est ce pas magnifique et touchant ? C’est ça, que je veux retenir, et pas le fait qu’une poignée de personnes mal intentionnée va en profiter pour piller les pauvres gens qui ont tout perdu. Pourtant, l’accent sera surtout mis sur ce dernier point. Je ne suis pas insensible aux guerres, à la famine, aux actes de barbarie commis par des… barbares. Et bien sûr que je souffre avec vous de tout ça. J’ai été et suis toujours Charlie. J’ai pleuré devant ces photos d’enfants morts sous les bombes, de femmes battues… Mais je vois aussi ce petit garçon de 10 ans, qui en rentrant de l’école, s’est arrêté près d’un vieil homme, pour lui proposer de l’aider à porter son sac de courses. Et pourtant, il rentrait avec ses potes, et aurait largement pu l’ignorer, sans même penser à mal ! Je vois tous ces gens qui s’engagent dans des associations caritatives, et qui donnent de leur temps et de leur énergie, pour venir en aide à ceux qui en ont besoin, quel que soit le domaine. Au lieu de çà, ils auraient pu rester devant la télé. Qui pourrait le leur reprocher ? Je vois mon papa, mon mari, qui dès que cela entre dans leur champs de compétence, vont dépanner l’ami d’un ami qui a un ami ayant besoin d’aide. Sans rien demander en retour. Prenant sur leur temps de loisir pour leur prochain, gratuitement. Je vois ma belle mère, qui quand elle rentre du boulot va faire les courses pour elle, mais aussi pour ses parents, pour son ex belle mère, et même pour la voisine de ses parents ! Chaque semaine. Qu’il pleuve ou qu’il vente. Sans rien attendre en retour. Je vois ma maman, qui en plus d’être là pour sa famille, se dévoue corps et âme pour que tous les jeunes catholiques de notre communauté de paroisse trouvent leur place dans l’église. Elle y consacre son temps de travail, ses week end, ses jours fériés. Et se trouve remerciée au centuple quand ils en redemandent. Je vois ces instituteurs, qui aiment tant leur métier, malgré les conditions qui se font difficiles. Et qui valorisent chacun de leurs élèves, en leur permettant de progresser malgré leurs difficultés individuelles. Et ma petite Elise, à qui je viens de demander à l’instant de me dire ce qu’elle trouve de beau dans la vie, et qui me répond avec émotion : « toi, maman », c’est pas magnifique ? Pour mon cœur de maman, ça l’est. Ma marraine qui vient de m’envoyer un sms pour me dire que mes grands parents viendront passer le réveillon du nouvel an avec elle chez le frère de mon grand père, et qu’ils sont si heureux qu’ils ont déjà réservé leur vol… Des bonheurs simples de la vie, c’est pas extraordinaire ? Pour mon cœur de petite fille, ça l’est.

Je pourrais remplir des pages que j’intitulerais : l’amour de son prochain a encore frappé. Pourtant, ce n’est pas ce qu’on nous montre à la télé chaque jour.

Ce que le cancer a changé, c’est que tout ce que je pensais avant, je vais maintenant m’octroyer le droit de le dire, et même, de l’écrire. Sans haine, sans rancœur. Mon message venu tout droit de mon cœur, là où d’ordinaire je lance cœurs et gâteaux, prenez le comme je vous le livre : avec bienveillance.

On a tous des soucis qui nous minent. Souci de santé, avec tout ce que ça peut avoir d’effrayant. Souci matériel, qui peut sembler insurmontable. Souci de cœur, et Dieu sait que cela peut faire souffrir. Soucis de tout ordre. Pour lesquels on a bien sûr le droit de se sentir triste, mal, angoissé. MAIS, il ne faut pas que ça nous empêche de vivre ! La vie offre de si belles choses à côté ! Et c’est ça qui nous permet d’avancer. Une famille, des amis, un travail qui comptent pour nous. Ca donne le sourire. Des activités, des soirées entre amis, un bon film à la télé ou au cinéma. Ca permet de se changer les idées et de repartir du bon pied. Un projet, des vacances à organiser, une fête d’anniversaire qui se profile. Ca donne un but, un objectif, ça empêche de stagner. Un câlin de ses enfants, un coup de téléphone de sa meilleure amie, la visite de ses collègues quand vous êtes malade. Ca montre que si eux comptent pour vous, vous aussi vous comptez pour eux ! Et ça met du baume au cœur. Qui de vous n’a pas, dans cette liste, trouvé UN SEUL exemple qui pourrait lui appartenir ? Accrochez vous à ça. C’est la clé du bonheur. Les belles choses de la vie devraient prendre le dessus sur celles qui assombrissent le quotidien. Je l’ai toujours pensé. Je n’ai jamais osé le dire aussi fort. Mais aujourd’hui, je crois que j’ai la légitimité pour le clamer.

Parfois j’entends des gens me dire : à côté de ce que tu traverses, je n’ai pas le droit de me plaindre pour des conneries. A ça j’ai envie de répondre que moi aussi, je me plains pour des conneries… Vos problèmes, même s’ils ne s’appellent pas cancer, ne sont pas moins importants que les miens !!! Le tout est de ne pas faire durer tout ça, et de rebondir sur ce qui est vraiment important. Ne restez pas immobiles là où ça ne va pas. Mettez vous en mouvance, bougez vous ! Le bonheur vous appartient, est autour de vous, il y a tellement de jolies choses ! Aujourd’hui, j’ai envie de dire : ne comptez pas sur moi pour être là si vous tournez en boucle dans vos petits bobos du quotidien. Je n’ai pas envie de perdre mon temps. Ne comptez pas sur moi pour me laisser tirer vers le bas, le sombre, le triste, si vous ne me laissez pas vous tirer à nouveau vers le haut. Moi, je veux vivre. Ne comptez pas sur moi pour vous plaindre si vous ne vous donnez pas les moyens de vous en sortir. Aide- toi, et le Ciel t’aidera. Moi je ne peux pas faire de miracle.

MAIS je serais là, pour vous aider à passer le mauvais cap, pour peu que vous soyez motivé à en sortir. Je serais là pour vous soigner si vous avez besoin de l’infirmière que je suis. Même en dehors de mes heures de travail. Je serais là pour vous remonter le moral, parce que je n’aime pas quand vous êtes tristes. Il suffira que vous ayez envie d’être à nouveau heureux. Je serais là pour vous pousser, si vous êtes prêt à sauter et qu’il ne vous manque que ça de courage pour y aller.

Ne prenez pas mal ce que je viens d’écrire. Ne croyez pas que je minimise vos problèmes. Je vous l’ai dit, c’est avec bienveillance que je vous ai livré le contenu de mon cœur. Mais je suis bien placée pour savoir que la vie est précieuse et courte. Et je compte bien en profiter. Avec vous de préférence. Parce que vous êtes importants pour moi. Il reste plein de places sur mon nuage !

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commentaires
P
Bonsoir Estelle, Je partage à l'infini votre point de vue sur le monde d'aujourd'hui. Plus personne ne voit le beau sur cette terre et pourtant il y en a, notre Père y a veillé. Il faut juste laisser le positif prendre le dessus. Je suis sur le 3ème nuage, juste à côté ;-) Gros bisous... nours
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A
Hihi tu m'as donné envie de vérifier ma page facebook... C'est bon, tu peux y aller, y a rien que du moi (pas trop bisounours, moi, je cherche plutôt à rire de tous ces petits moments du quotidien...) tu peux y aller ;) J'aime beaucoup cet article. Des fois j'oublie de voir le positif (mes problèmes à moi relèvent plutôt des soucis mineurs de santé de mon ptit gars qui m'empêchent de dormir depuis 15 mois, ça pique!). Mais je me soigne ! J'ai dit y a pas longtemps que dès que j'aurai dormi une semaine d'affilée j'arrêterai définitivement de me plaindre. Mon chéri m'a enregistrée, histoire de me le rappeler si je l'oubliais !!!!! :) On t'envoie des gros bisous[nours!]
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B
C’est le : “c’est extraordinaire !”, poussé par Zabeth ma femme à la lecture de ton post qui m’a incité à mettre ce petit commentaire ... aaaahhh, chère petite tortue ! Grâce à toi, je (je pourrais dire “nous”, parce que chez moi, nous sommes deux à te lire) je vérifie régulièrement, avec délectation et émotion, que non seulement mes zygomatiques, mais aussi mes glandes lacrymales, fonctionnent parfaitement Clignement d'œil Autre vérification suite à la lecture de ce qui te tient à coeur, ma capacité de me laisser interpeler, remettre en question par cette belle personne que tu es, à la fois artisane de paix et femme de compassion. Alors MERCI pour ces moments privilégiés que tu nous fais la grâce de partager avec nous.<br /> Allez, petite tortue, un petit tapotage sur ta carapace et un bisou sur ton petit nez ... Que le Dieu en qui nous croyons te bénisse, toi et ta famille. Sourire <br /> Bob & Zabeth qui se joint à moi.
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L
Je t'envoies un bisounours "gros veinard" pour te porter chance.
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I
Bonsoir Estelle, merci pour ce message très positif <3. Moi j'habite sur le nuage d'à côté ;-)
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