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2016-06-18T15:09:34+02:00

Est ce que ça durera toute ma vie?

Publié par Estelle Lang Trommenschlager
Est ce que ça durera toute ma vie?

Chers lecteurs, chères lectrices.

Ce ne sera sans doute pas l’article le plus positif que vous lirez, mais parfois, même moi, la fille joyeuse et pleine d’entrain, je suis rattrapée par mes vieux démons. L’avantage, c’est que je sais que je rebondirai bientôt. Je le fais toujours. L’inconvénient, c’est que quand on est dans un tunnel, on se demande quand est ce qu’on va apercevoir la petite lueur qui nous rapproche de la sortie.

Tout va bien. J’ai vécu une année un peu particulière. Je ne peux même pas dire difficile parce qu’avec tout ce que j’en tire de positif, je me dis juste qu’elle était… originale ? Pleine de surprises ? Bon allez, une que tout le monde ne connaîtra pas. J’ai toujours aimé faire « pas comme tout le monde ». Là, j’ai recommencé à vivre normalement, en travaillant, en étant à la bourre dans mon linge et dans mon ménage, en râlant sur des trucs sans intérêts, d’ailleurs à chaque fois ça finit par me faire sourire d’être si « normale ». Je suis un peu plus fatiguée peut être mais finalement ça va m’obliger à revoir mes priorités, pour un temps. Et le fait de n’avoir repris qu’à mi-temps mon job est une excellente chose, car je reprends confiance en mes capacités sans me mettre en danger, ni être un boulet pour mes collègues.

Je pourrai arrêter mon article ici, et dire que finalement, il est plutôt enjoué et optimiste. Mais voilà, dans quelques jours je vais subir ma première série d’examens dans le cadre de la surveillance post traitement. Et là, je ne maîtrise plus rien. La peur me serre le cœur, me noue la gorge, me met les nerfs en pelote. La patience qui n’est déjà pas ma qualité première, s’en est allée tout bonnement, me laissant en proie à une impatience excessive, à des accès de colère, et j’emploie régulièrement un vocabulaire du même type que lorsqu’on voit dans une bulle de bande dessinée un personnage s’exprimer avec des nuages et des éclairs. Je dirais bien que je ne me reconnais pas, mais finalement, je retrouve juste la tortue complètement chamboulée en période de stress… celle que je n’aime pas trop parce que je sais que lorsqu’elle est border line, elle peut vite basculer dans l’angoisse incontrôlée. Alors pas de panique je ne risque pas de sauter par la fenêtre, je tiens trop à la vie pour cela. Mais on va dire que je ne suis pas au mieux de ma forme et de mes émotions. L’un tirant l’autre vers le bas et je ne sais pas toujours qui a commencé. Mais je n’en mène pas large.

Il y a un an, j’ai vécu seule cette attente, ce stress de ne pas savoir… de pressentir sans en avoir la preuve… que ma vie allait changer. Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas garder toutes ces émotions contradictoires dans mon petit cœur. D’abord parce que je sais qu’avec mes supporters je suis plus forte. Et puis parce que je ne m’en sens tout simplement plus capable. Cela prend trop de place et d’énergie et je ne veux plus avoir à assumer ça seule. L’an dernier je trouvais dommage d’inquiéter peut être pour rien la terre entière. Aujourd’hui j’ai décidé de ne plus être égoïste. Il y a 15 jours j’ai déjà fait une échographie pelvienne, et j’ai beau n’avoir aucune raison de paniquer, dans la salle d’attente, j’ai cru que j’étais à l’abattoir. Alors en sentant cette nausée qui monte par vague chaque fois que je pense à la semaine prochaine, s’il y a une chose que je sais, c’est que je ne veux pas vivre ça toute seule.

Donc lundi, j’aurai ma première mammographie de contrôle. Elle sera suivie la semaine d’après par une IRM. Comme c’est un cancer (de merde) génétique (de merde), il y double surveillance, et les clichés seront comparés. Ce qui est bien, c’est que ça laisse peu de chance à un éventuel bébé crabe de se planquer. Mais voilà, plus le temps passe plus j’ai mal à la tête, le moral en berne, envie de fuir, besoin de m’occuper l’esprit. Et plus le jour approche, plus je fais de cauchemars, peuplés de mots vulgaires comme récidive ou métastases. Moi qui voudrais tant qu’on me parle de rémission…

Comme le disait avec justesse Valoche qui a subi le même stress que moi il y a peu, impossible pour nous de faire des projets d’avenir au-delà du jour de l’examen. Parce que si ce n’est pas fini, il faudrait renoncer à ce qu’on aura prévu. Et donc plutôt que d’avoir à le faire, on se protège comme on peut en ne voyant pas à trop long terme. C’est quand même dingue d’en arriver là. Mais c’est ainsi. La vie nous a heurtées là où on ne l’attendait pas, et désormais, la prudence est de mise. Ceci dit, alors que tout cela était encore loin devant nous, on se sentait invincible, et on a tout de même des projets d’avenir. C’est là, maintenant, que tout est compliqué.

J’ai repris le boulot et ça, c’est vraiment une bonne chose. Déjà parce que quand je suis là-bas, je ne pense pas à tout ça. L’angoisse se met en veille, je suis bien, épanouie, heureuse, normale. Et puis parce que tout simplement, je suis heureuse de retrouver mes collègues, mes patients, mes réflexes. Tout ce qui m’a tant manqué durant cette année. Et je ne voudrai pas avoir à revivre une coupure si longue.

J’ai pleins de projets, et je me force à y penser pour me donner un élan et pour sauter haut par-dessus ce qui m’attend les prochains jours. Et je ne voudrai pas avoir à y renoncer.

J’ai repris confiance en moi. J’ai repris le sport. Mais je sens que c’est fragile. Et je ne voudrai pas que tout s’effondre avant d’avoir pu ériger quelque chose de solide et de stable.

La grande question que je me pose c’est : est ce qu’il en sera toujours ainsi ? Est-ce que dans six mois, un an, dans cinq ans ou dans dix ans, lorsque je ne manquerai pas de passer encore et toujours les mêmes examens… est ce que je serai encore en proie à cette angoisse dévorante ? Est-ce que toute ma vie, je vais avoir peur que ça recommence ? Ou est-ce qu’un jour, j’irai à mes mammo et mes IRM comme s’il s’agissait d’une simple formalité ? Est-ce qu’un jour, tout ceci pourrait ne devenir qu’un lointain souvenir ?

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commentaires
V
Estelle c'est tellement ça. Tu ecris très très bien et tu exprimes aussi ce que je ressens. Mais l'épée de Damocles n'existe pas au dessus de nos têtes alors oui un jour tu iras passer tes contrôles comme une simple formalité
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T
Je n'ai pas de mots pour te réconforter car il n'y en aucun. on vit seul dans son corps et à l'intérieur personne ne peut partager. On n'a pas d'autre choix que de continuer à avancer avec ses doutes et ses angoisses car nous sommes de pauvres petits humains... tu restes dans nos pensées et nos prières alors que nous aimerions tellement faire plus. Courage on t'aime très fort
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K
coucou comme je comprends tes angoisses,comme tu le sais j ai un planning de dingue a partir de lundi, mais c est sur que je penserais a toi tres fort, et ma devise a moi malgre l angoisse qui me suis, je me dit ceci,,,je ne peux pas passer a cote de ses examens de ses suivi medicaux,je sais que mes amis et que tout mon entourage est a cote de moi, donc fais les examens et tu saura ou tu en es,et tu aura peut etre la chance de fignoler tes projets,,,voila ma devise<br /> accepter que l on prenne soin de moi,et l acceptation vient apres la colere et le refus bisou a toi
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M
pfffffff ma ptite bichette.....on est avec toi je vais prier pour que le Seigneur te rassure dans ses bras.....tu dois lui faire confiance .....j aimerais tellement pouvoir atténuer tes angoisses......Regarde l étoile. ..invoque Marie......écoute ce chant !!<br /> Je te serre tout fort dans mes bras. ma chérie<br /> Plein d énormes bisous. <br /> Tiens moi au courant stp !!
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O
depuis le début tu n'es pas seule. tous les jours nous sommes a tes côtés.<br /> tu est une fille super courageuse.<br /> gros bisous a toi et toute ta petite famille.
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E
Je n'ai pas de mots pour vous réconforter, je ne suis qu'au début de l'aventure et donc n'ai pas traversé tout ça... encore... mais le fait de partager et de mettre des mots sur cette angoisse peut, peut-être, vous faire patienter jusqu'à lundi.<br /> Juste bon courage et plein de pensées positives pour vous
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S
comme je vous comprends,pour moi cela fait 6 ans et lorsque je dois passer mes examens de controles,je suis lamentable,au point de ne plus manger ,d'avoir des angoisses qui me tordent l'estomac ,les intestins etc.Je pense que c'est tout à fait compréhensible.Courage.
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