Welcome Home - tortue Vs crabe, le cancer et après

Chers lecteurs, chères lectrices, fini de rigoler, aujourd’hui je rentre chez moi. Aujourd’hui, c’est mercredi. J’ai déjà gagné une journée parce que j’aurai pu rentrer hier, mais j’ai demandé une prolongation, je ne me sentais pas suffisamment alerte pour me retrouver à la maison. Comprenez bien, loin de moi l’envie de moisir à l’hôpital ! Et il est évident que je meurs d’impatience de retrouver ma petite famille, ma maison, mes… habitudes…

Et c’est là que le bât blesse. Je me vois tout à coup perdue dans un quotidien qui n’est pas adapté d’un point de vue pratique. En rentrant, je vais passer d’un lit médicalisé avec des commandes de partout, à un sommier à même le sol. D’un fauteuil confort type gériatrique, à un canapé très bas et tout mou. D’une chambre toute petite, à une maison à étage. De wc surélevés à des normaux. Et on a beau dire, au sortir d’une intervention comme celle-ci, tout ce qui est à disposition à l’hôpital est loin d’être du luxe. Et je flippe, parce que je me sens incapable de m’en sortir sans tout ceci. Heureusement, Crocodile Dundee m’a donné un sursis, et mon mari a pris les choses en mains. « Tu as peur de ne pas être bien installée ? Pas de soucis ma chérie je vais te trouver un fauteuil. Et pour le lit, j’y installerai des pieds. » S’il n’est pas trop génial mon amoureux, je ne sais pas comment le qualifier. Et c’est ainsi qu’il a commencé par m’envoyer quelques photos de ses recherches pour me demander mon avis, et que l’après-midi même il était déjà à Ikéa, m’acheter un super fauteuil, et aussi le repose pieds qui va avec, pour que je sois à l’aise.

C’était hier, et aujourd’hui, je rentre. Déjà, une journée de plus, et je vois la différence. Je me sens reposée. D’ailleurs je suis tellement en forme que lorsque l’équipe du matin arrive, je suis déjà lavée (y compris les cheveux en mettant la tête à l’envers dans la douche), habillée, valise bouclée, et je lis tranquillement au fauteuil en attendant mon petit déjeuner. A 7h. Dr Beck vient me voir vers 8h, il arrive toujours pendant le petit déjeuner. Et je lui dis que cette fois ci, je suis prête, et que je vais rentrer. Il me donne le feu vert pour 9h. J’appelle Mika qui rapplique ventre à terre, l’infirmière me refait encore une fois les pansements, et zou, à 9h30, je suis déjà à la maison.

Dans la voiture, j’ai eu la nausée. Ca fait tout drôle de marcher, le trajet jusqu’à la voiture est le premier hors de ma chambre. En arrivant, je suis déjà épuisée de ma journée. Mais je suis si heureuse d’être là !

Les premiers jours, je passe de mon fauteuil, à table pour picorer car je n’ai pas vraiment faim, à mon lit. Je suis encore dans les vapeurs de l’anesthésie. Le soir je me couche à 20h, en même temps que les enfants. Je ne tiens absolument pas le coup plus longtemps. J’ai bien du mal à ramasser mon pantalon quand il tombe sur mes chevilles aux toilettes, et pour me laver et m’habiller je sollicite de l’aide. Le rituel de la toilette me prend presque une heure et m’épuise, alors après, je me repose. J’ai l’impression d’être vieille, grosse et surtout très fainéante. Moralement, je suis un peu borderline. Un coup reconnaissante parce que quand je regarde d’où je viens je serais gonflée de ne pas l’être, et 5 minutes plus tard désespérée avec le sentiment que plus jamais je ne remonterai la pente. Heureusement, je suis bien entourée. Les journées sont longues quand on est là à ne rien faire. Je lis, je regarde un peu la télé, mais cet étrange état ne me convient pas. Et puis, un soir, j’ai l’impression que ça y est, j’ai franchi une étape. Je me sens complètement réveillée, on dirait que j’ai enfin éliminé toutes les drogues que l’on m’a administrées. Et je réalise que ça fait 2 semaines ce soir-là que j’aie été opérée.

Parallèlement à tout ceci, je reçois chaque jour la visite de mes infirmiers, qui me refont les pansements, mes prises de sang, et je vais aussi deux fois par semaine au cabinet de Croco, qui suit l’évolution de très près. J’ai le droit à de la luminothérapie, qui est sensée faire diminuer l’œdème. Je ne sais pas si ça a fonctionné sur moi, mais au moins j’ai l’impression d’être pendant 10 minutes dans un SPA. C’est cool. Encore plus quand ma marraine m’accompagne.

Le temps passe, et Noël est là. Pour sûr, cette année je n’ai rien fait d’autre que de me mettre les pieds sous la table. Mais ces moments en famille m’ont vraiment fait beaucoup de bien.

Et puis ma marraine s’en est allée, laissant la place à nos petits belges préférés, et là, j’ai eu le sentiment d’être en vacances chez moi : Soso s’est occupée de mon linge, Dano et Mika de la cuisine et des enfants. Moi je dormais le matin jusqu’à 11h, je me fais les ongles l’après-midi, un ciné aussi sur la semaine, et une soirée de nouvel an très sympa. Forcément plus calme que d’ordinaire, mais on était tous ensemble et c’est ça qui comptait. Et chaque jour, je sens les forces revenir en moi. Chaque jour un petit progrès. Et avec ça le retour au quotidien : tantôt vider le lave-vaisselle, tantôt participer à la confection du repas, ou donner la douche à Faustine.

Finalement c’est passé vite. Aujourd’hui, les enfants ont repris le chemin de l’école, Mika celui du travail. Et moi, moi qui appréhendais ce retour à la normale, je me sens presque à nouveau moi même. Bien sûr, je suis encre gênée dans mes mouvement. Mais j’ai eu l’autorisation de reprendre mes activités de la vie quotidienne, et c’est ce qui s’est passé aujourd’hui. Je suis très heureuse, très fière aussi. Hier soir Croco m’a dit que j’étais une patiente très patiente. Ca m’a fait plaisir, parce que franchement, ça n’a pas été simple. Mais je crois que cette fois ci je tiens le bon bout. Je ne sais pas si j’ai été courageuse, je n’avais pas vraiment le choix dans ce qui m’était donné. Mais j’y suis arrivée.

En tout cas, merci. Merci à vous tous. Votre soutien sans faille, de quelque manière que ce soit, m’a vraiment été précieux. Vos petits messages, vos attentions, vos prières… vous n’imaginez pas à quel point ça m’a porté, tiré vers le haut. Alors je profite de la date pour vous dire merci, mais aussi pour vous souhaiter une bonne, une heureuse, une merveilleuse année, à tous. Avec une bonne santé en priorité. Et aussi tout ce que vous désirez.

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