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2018-02-25T14:57:57+01:00

Quoi, on ne vous avait pas prévenue? (version anesthésie)

Publié par Estelle Lang Trommenschlager

Résultat de recherche d'images pour "morphine pompe"

Chers lecteurs, chères lectrices !

Me revoilà pour vous conter mes dernières aventures. J’ai eu du mal à m’y mettre, non par manque d’envie, de temps ou d’inspiration, mais juste parce que je n’ai pas le droit de m’asseoir pendant un certain temps et que… couché et debout, ce n’est pas des plus confortables pour taper à l’ordi. Alors quand je serai célèbre, je pourrai peut être dicter mon texte à un sous fifre, mais pour l’heure…

Enfin, reprenons au début.

Vous vous souvenez ? La dernière fois je vous ai annoncé la suite du programme, l’ultime intervention à la saint Valentin, la der des der, les finitions des finitions, la cerise sur le gâteau… J’étais plutôt contente, impatiente presque, je croyais y aller la fleur au fusil… Easy, les doigts dans le nez, pour une habituée de la maison, une pro du bloc ! … Enfin moi, je me l’étais vendu comme ça. Et ça aurait dû se passer ainsi ! Mais ma bonne humeur, mon enthousiasme, ma joie de vivre, tout ça s’est envolé d’un coup, lorsque je suis allée à ma consultation d’anesthésie.

C’était vendredi 9 février. A 8h30 j’ai déposé Faustine à l’école. Ensuite je suis allée faire refaire mes pansements chez les infirmières de croco, et il y avait beaucoup de retard. Peu importe, j’avais pris mon livre, et puis j’avais le temps. L’hôpital est juste à côté, et mon rendez-vous à 10h30. L’évolution ? Les aréoles et les tétons sont magnifiques, on enlèvera les fils la semaine suivante… La plaie à l’aine du côté droit est toujours ouverte, nécessite toujours des soins pluriquotidiens, mais ça suit son cours, et quoi qu’il en soit, qui va venir regarder mon entre jambe, en dehors de mon mari et mon gynéco ? Et le premier est un ange de patience et de compréhension, tandis que l’autre me regarde exclusivement avec un regard professionnel.

Avec le retard pris, finalement j’arrive juste à l’heure à mon rendez-vous chez l’anesthésiste. Enfin juste à l’heure prévue ! En entrant dans la salle d’attente, il est presque impossible d’atteindre le guichet d’accueil. Et entre les personnes debout et les sièges bien entendu tous occupés, on doit doubler largement le nombre d’occupants, tous là pour la même chose. Misère… Heureusement, lors de l’enregistrement, la secrétaire m’autorise à me rendre aux admissions afin de me préinscrire pour l’hospitalisation. Bon, alors sans vouloir critiquer, c’est sûr que j’ai jamais compris pourquoi cette partie-là est si compliquée et si longue. Imaginez :

  • Attendre son tour et se présenter à l’accueil principal pour donner sa carte vitale, de mutuelle, d’identité, les ordonnances de traitements, et les papiers du chirurgien, déjà remplis à la maison.
  • Recevoir un dossier à compléter tout de suite mais quand même pas au guichet, concernant les demandes particulières (chambre seule, télé, téléphone…), les infos générales à dater et signer après en avoir pris connaissance, les renseignements sur la personne de confiance, la personne à prévenir, les directives anticipées… Ca, on doit le faire sur une table en plein milieu du couloir.
  • Refaire la queue au guichet d’accueil qui va vérifier que tout est bien rempli, photocopier vos documents officiels, et vous donner un… numéro pour aller attendre votre tour au bureau des admissions.
  • Aller attendre dans la salle d’attente des admissions que votre numéro s’affiche, et comme la plupart des gens viennent directement ici (ce qui semble assez logique) et qu’ils n’ont pas de ticket, ils frappent à la porte et pensent qu’ils vont te griller la place mais en fin de compte ils se font envoyer balader et doivent reprendre leur quête depuis le départ… Quand ce sont des jeunes qui ont l’air en pleine possession de leur cortex cérébral, je leur sourie juste de manière hypocritement contrite, genre : « désolée, je suis avant toi et t’es pas prêt de passer ». Et quand ce sont des personnes qui ont l’air perdues, âgées, angoissées, je joue les aiguilleurs du ciel et je leur explique comment ça fonctionne. Et j’attends…
  • Voir enfin le numéro s’afficher, entrer dans le bureau et tout recommencer… dossier complété, photocopies de tous les papiers fournis lorsque j’ai fait la toute première fois la queue, tout décortiquer, vérifier, redire que oui on veut bien une chambre seule, que non on a pas besoin de personne de confiance mais que la personne à prévenir c’est monsieur, dont le numéro de téléphone est noté là, mais que je vais quand même vous redicter pour que ça aille plus vite… Oui j’emmènerai mon ordonnance, non je n’oublierai pas ma carte de groupe, oui je repasserai par… le même circuit le jour de l’intervention, même si je ne comprends pas bien l’intérêt…

Alors que j’allais finir cet entretien, le secrétariat d’anesthésie a téléphoné pour dire que ça allait être mon tour. Il était 11h45, j’avais passé plus d’une heure pour ça… Incroyable.

Donc je retourne au second étage, et là, truc de fou, la salle d’attente est vide. Seule une personne attend, et quand le médecin sort de son bureau, c’est moi qu’il vient chercher. Désolée, m’dame, mais moi j’avais rdv à 10h30 quoi !

Bonjour docteur, bonjour Mme Lang, en général, ça va super vite j’ai même pas le temps de dire ouf. Cette fois ci il a tout repris mon dossier. Oui je suis toujours allergique aux carottes et au céleri, et non toujours pas au latex. Non ce n’est pas de la chir esthétique de convenance, et attention je n’ai rien contre mais j’avoue qu’avec le nombre de fois où il y a écrit cancer sur mon dossier je ne comprends pas qu’on me pose encore la question. La tension est bonne, je suis en forme, oui je retirerai mon piercing sur la langue, non mes dents ne sont pas fragiles, et oui j’ai une chose à ajouter : « docteur, je ne supporte pas la morphine, alors je voudrais que vous le notiez pour que l’on ne m’en donne pas ». Et là… On va dire que jusque-là ma journée avait super bien commencé, je n’avais même pas peur même pas mal et je n’appréhendais pas du tout l’intervention. Et là…

« - Vous savez moi non plus je ne supporte pas la morphine, personne ne supporte la morphine. Mais vous en aurez quand même parce que c’est une intervention très lourde, très douloureuse, et d’ailleurs sachez que vous passerez au moins une nuit aux soins intensifs, et qu’il y a un très gros risque de transfusion sanguine. Vous avez déjà été transfusée ?

- Ben… oui j’ai été transfusée pour le DIEP l’an dernier, 3 culots je crois… Mais… on ne peut pas faire autrement pour la morphine ?

- Non, d’ailleurs je vais écrire en gros PCA morphine sur le dossier, et je note NVPO +++ comme ça on vous donnera ce qu’il faut (NVPO c’est nausées vomissements post opératoires)

- Mais…

- Vous inquiétez pas, ça passera vite…

- Oui mais (on dirait mes gosses) dr Beck il était d’accord avec moi que je devais refuser la morphine vu dans quel état j’étais l’an dernier…

- Dr Beck il y connait rien, il est chirurgien, pas anesthésiste. Et en 2017 on ne laisse plus souffrir les personnes…

- … (dans ma barbe : oui mais on est en 2018 ça compte ? Non rien…)»

Fin de l’état de grâce. Je sors de là complètement déconfite, terrifiée, pleine des mots : intervention lourde, transfusion, soins intensifs, morphine… Je sens cette putain de vieille copine la boule dans la gorge qui monte… J’ai demandé une prémédication pour bien dormir la veille : « oui ben prenez votre somnifère et ça ira »… J’ai négocié l’autorisation de compléter avec un xanax, mais limite on aurait dit une droguée qui avait besoin de sa dose. Ce qui est parfaitement idiot, j’en ai chez moi, et j’ai quand même demandé si je pouvais…

A la maison, pas la peine d’essayer de faire bonne figure. Je suis complètement stressée, à cran, sur les nerfs, sans aucune patience, aucune envie de rien… Et plutôt que de dire « oui tout va bien », j’ai choisi de m’aider en disant « non, ça va pas ». J’ai hyper peur, j’ai plus envie d’y aller, je pensais que c’était rien du tout, et aujourd’hui je me dis que je pourrais aussi bien rester comme ça… que mon corps meurtri et marqué par les épreuves n’était plus un corps malade et que ce n’était que vanité que de vouloir encore passer entre les mains d’un plasticien. Je suis pas loin d’abandonner… Pas loin de dire que le 14 je ne pouvais pas, j’avais Saint Valentin. Pas loin de me dire que tant pis, je n’allais pas risquer ma vie pour quelque chose qui n’était pas indispensable.

C’était le 09 février 2018, et je peux vous dire que chaque minute qui me rapprochait de l’intervention m’a semblé durer des semaines. Et que chaque matin, mon moral, ma volonté, mon optimisme chutaient un peu plus. Et que chaque soir, chaque nuit, la peur, l’angoisse, s’insinuaient dans les ombres qui dansaient sur le mur, dans mon cœur fragile, dans mon esprit tourmenté. Si j’y suis allée, c’est pour une seule et excellente raison : croco. Mehdi. Dr Beck. Je vous l’ai déjà dit, j’ai une confiance totale en lui. Je lui confierai mère et enfants, et entre ses mains, je me sens en sécurité. Si j’y suis allée, c’est parce que c’était lui aux commandes. Et vous savez quoi ? J’ai eu raison. Mais c’est une autre histoire qui mérite un chapitre complet. Vous ne savez d’ailleurs toujours pas pourquoi je ne peux pas m’asseoir ! Alors promis je ne tarderai pas à vous écrire la suite. A très vite !

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commentaires
A
Impatiente de lire la suite. Bravo et merci ton courage que tu communiques à tes lectrices.
Répondre
D
Merci pour votre article pas toujours facile surtout quand on peu plus s'asseoir. Vous êtes vraiment une courageuse tortue. Hâte de lire la suite et encore merci
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