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2018-05-23T19:32:50+02:00

Cours, tortue, cours!

Publié par Estelle Lang Trommenschlager

 

 

Chers lecteurs, chères lectrices,

Après un petit break épistolaire, me voici de retour. Pleine d’une énergie nouvelle que j’ai hâte de vous partager. Pleine d’histoires que je serais heureuse de vous raconter. Pleine de projets, d’idées, d’envies que je compte mener à bien. Avec vous, cela va de soi !

J’ai longtemps hésité : continuer mon blog ? en ouvrir un autre ? Finalement, puisque vous êtes nombreux à me suivre, je vais le garder. Finalement, puisque c’est la suite de mon histoire, je vais continuer ici. Finalement, puisqu’il me tient à cœur de vous témoigner qu’il y a une vie après la maladie, je pense qu’y ajouter mes prochains articles trouve tout son sens.

Si tout ça vous convient, je vous invite à vous placer avec moi sur la ligne de départ. Le départ d’une nouvelle aventure. L’aventure de ma nouvelle vie. Ma vie d’après la maladie. Celle où je n’oublie pas que je, que nous sortons d’un cancer, mais que ce n’est plus lui qui est au centre de nos vies. Celle où je fais le bilan de tout ce que j’ai gagné à traverser cette épreuve, mais surtout celle où je décide que je veux aller désormais à l’essentiel. Celle où je fais de mes faiblesses passées une force, et de mes rêves des réalités. Celle où plus rien ne me semble impossible, où je refuse de renoncer sans avoir essayé. Celle aussi où je réalise vraiment que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, et que ce ne sont pas seulement de jolis mots. Vous êtes prêts ? Alors c’est parti ! Et pour commencer, si je vous racontais ma première course justement ?

Je vous ai souvent dit que je m’étais liée d’amitié avec la course à pieds je crois. D’abord, c’est en partie elle qui m’a sauvé la vie. Quand juste avant le diagnostic j’avais commencé à pratiquer, que toute courbatue je m’étais massée sous la douche et que j’avais senti cette boule. Depuis, par intermittence, j’ai toujours gardé une grande envie au fond de mon cœur, celle de non seulement reprendre, mais aussi et surtout de progresser. Et plusieurs fois j’ai eu la chance de pouvoir m’y remettre, mais jamais assez longtemps pour que ça devienne une activité régulière au sens où l’on peut l’entendre. Alors quand croco m’a donné le feu vert pour le sport, et que désormais plus aucune intervention, aucun traitement, aucune raison valable de ne pas foncer ne semblait se dessiner ni au près ni au loin…

J’ai sorti mon pantalon de running, un t-shirt des chaussettes de sport, un bandeau, mes lunettes de soleil, mes écouteurs, ma ceinture (mais non, pas de chasteté, celle pour courir avec mon téléphone, mes clés de voiture, et le billet de 10€ pour la bière de réconfort !), et bien sûr mes magnifiques baskets Brooks que j’aime d’amour. Ah, et puis mon soutif de sport ! Faut pas déconner, je ne vais pas risquer d’abîmer ma nouvelle poitrine, vu le temps qu’il a fallu et le monde qui a œuvré pour en faire quelque chose de chouette ! Enfin une tenue adapté quoi. Mais si j’insiste sur chaque élément, c’est parce que chaque fois que j’ai retrouvé une partie de mon trousseau, mon cœur a fait un bond dans ma poitrine, dans le genre danse de la joie et salto avant arrière d’excitation. Et vous avez vu tout ce dont on a besoin pour courir ! Et donc vous imaginez comme c’était n’importe quoi au niveau du palpitant.

Pour mes premières sorties, j’ai téléchargé l’application #smilesrun créée par Karine LeMarchand. C’est un programme conçu pour les runners débutants, ou ceux qui souhaitent reprendre après une interruption. Pour ma part, je me retrouve dans les deux situations, alors j’étais supermotivée pour tester. En plus, je fais partie d’un groupe sur facebook qui s’appelle « Courir dans le six huit », qui regroupe les personnes du Haut Rhin (six huit = 68 = Haut Rhin, vous suivez toujours ?), où s’échangent des conseils, des encouragements, des photos des sorties, et c’est ultramotivant. Et puis, Karine LeMarchand a choisi de suivre notre petite communauté, et plus particulièrement ceux ou celles qui allaient utiliser son application, histoire d’avoir quelques retours constructifs sur celle-ci. Bref, tout ça mis bout à bout, mon petit coeur a encore fait quelques bonds supplémentaires.

Les premières sorties m’ont permis de découvrir le fractionné, que ma copine Soso essayait de me vendre depuis des années mais que je balayais d’un geste parce que pour moi c’était tricher. Du coup, malgré l’appréhension de la reprise, je me suis sentie très à l’aise dès le départ. La progression du programme était suffisamment douce pour que je n’en souffre pas, et quand même efficace car d’une sortie sur l’autre, je voyais déjà mes avancées.

Mais la routine, très peu pour moi : il me faut des défis, des objectifs. Une carotte pour faire avancer la mule, et c’est mon ami Rodolphe le Phoenix qui me l’agitait devant le nez en me rappelant régulièrement : « tu n’oublies pas de t’inscrire à la course à Rosenau, hein !!! ». L’organisation prévoit plusieurs départs, et si j’ai longuement hésité entre le 2km et le 5km pour finir par jouer la sécurité, c’est en famille que nous nous sommes rendus ce jour-là sur la ligne de départ.

La première à courir, c’était Elise. Elle nous a impressionné par sa vitesse, et a bouclé son kilomètre en moins de temps qu’il en faut le dire ! Pour moi, la pression montait…

Chloé, mon aînée, a accepté de courir à mes côtés. Elle n’est pas spécialement attirée par la course à pieds, mais elle ne m’a pas laissée toute seule, et je lui en suis très reconnaissante ! Nous sommes allées nous placer sur la ligne de départ, il y avait peu de monde, car les 5 et 10km sont plus populaires. De fait, devant nous, une ligne de jeunes gens prêts à battre des records de vitesse, et au même niveau que nous, quelques personnes qui semblaient aussi désespérées que moi à l’idée de ne pas arriver au bout.

Il y avait pour nous encourager Michaël, mon mari, et Elise qui avait déjà récupéré. Et les membres de « courir dans le Six Huit », pourvus d’une pancarte que j’avais eu l’idée de fabriquer, afin que nous puissions nous reconnaitre et nous rassembler. Pendant que nous patientons en attendant le top départ, je n’arrêtais pas de dire à Chloé : « on ne démarre pas trop vite, je préfère finir sans m’arrêter que de devoir marcher… » Mais sous le ton du conseil à ma jeune pouliche, c’était surtout de l’autocoaching, et je tentais de me rassurer comme je pouvais.

Peut-être que vous, en me lisant, vous vous dites : « ça va, ce ne sont que 2km ! ». Et en un sens, vous auriez parfaitement raison. Ca vous donne une idée de la forme physique que je tenais alors, ou plutôt de la non forme, de l’informe… Moi, parcourir 2km, ça me semblait aussi difficile que si on m’avait proposé de un marathon. Alors imaginez moi, la boule au creux du ventre, me disant que je pouvais le faire, que j’allais le faire, et tentant de me dire que même si je terminais dernière, franchir la ligne d’arrivée me donnerait la clé pour poursuivre… Je n’en menais pas bien large… Je n’y croyais même pas beaucoup…

Pas de compte à rebours. On surveillait nos montres connectées, prêtes à déclencher le chrono quand retentirait le coup de feu, et…….. pan ! C’est partit…

Comme prévu, les jeunes fougueux de la première ligne ont détalés comme des flèches. Chloé et moi nous sommes mises à trottiner. Je ne savais pas vraiment quel était le bon rythme pour moi, car je n’avais pas de repère. Je me concentrais sur ma respiration, maudissant mon surpoids, qui je le savais, était clairement un handicap supplémentaire. Il ne faisait pas chaud, ce qui ne m’a pas empêché de me mettre à transpirer comme un bœuf instantanément.

Sur les côtés, on recevait des encouragements. Parfois, quelqu’un m’appelait par mon prénom, et je me sentais propulsée, parce que qu’est-ce que ça fait du bien d’être soutenu ! Chloé qui ronchonnait au départ en disant qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse aimer courir était heureuse de me dire qu’elle se sentait à l’aise.

Inspirer… Expirer… Mettre un pied devant l’autre… Regarder droit devant… Se voir franchir la ligne d’arrivée… Le mental… Les jambes qui piquent… Envisager de marcher un peu… Se dire que non, merde, ce ne sont que 2km ! … Oui mais après 3 ans de montagnes russes… Se chercher des excuses… Nous n’avions pas encore terminé notre premier km qu’une bonne partie des jeunes avaient déjà franchi la ligne d’arrivée, mais je tenais le coup, et j’avais même la satisfaction de ne pas être dernière, mais d’avoir clairement distancé… une maman avec un enfant en poussette ! Quoi… ça me faisait du bien, et ça n’enlevait rien à son mérite !

Quand nous avons fait le tour du rond-point, plus de la moitié du parcours était derrière nous. Chloé commençait à me dire qu’elle était contente d’être là, que finalement courir c’était plutôt sympa, et que la prochaine fois, elle reviendra avec moi. Que peut-être on pourra faire 5km, parce que 2, c’est quand même assez facile… Après, j’ai arrêté de l’écouter. Qu’on me laisse déjà finir et peut être qu’un jour je remettrais mes baskets, mais pour le moment, j’en bave, je ne suis pas prête à parler d’avenir.

Lorsqu’on a vu au loin l’arche qui signifiait la fin de l’épreuve, Chloé s’est mise en tête de « taper un sprint » à partir de « la première barrière ». Quelle idée ! Elle n’a pas vu combien sa vieille mère était en souffrance ou quoi ??? Soit… je lui ai dit ok, crânement, allant même jusqu’à lui recommander de ne pas trop forcer, pour ne pas se blesser… et en espérant secrètement qu’elle se dégonfle avant qu’on y arrive. Pas de chance pour moi, ce n’étaient pas des paroles en l’air, et nous avons accéléré main dans la main, jusqu’au bout, là où nos dossards ont été flashés pour connaître notre temps.

Des points noirs et blancs… Des ombres un peu partout… La sensation de marcher sur du coton… Bon sang mais où donc est passé l’oxygène dans ce pays ? La poitrine qui brûle… Les joues en feu… J’y suis arrivée. Je suis en train de suffoquer, mais j’ai franchi cette fichue ligne. Mon nom ne figurera pas au sommet du tableau, ou bien si, au sommet du bas, mais pour moi, c’est une victoire. J’ai couru mes 2 premiers km d’une longue série. Je l’ai fait. Je l’ai fait !!!

Au ravitaillement, je bois péniblement mon verre d’eau. Je sens que c’est nécessaire, mais mon estomac n’est pas très enthousiaste. Par contre, les quartiers d’orange fraiche me font un bien fou. Sucrés et désaltérants. Ils font l’unanimité. Mon cerveau, ma bouche, mon appareil digestif, tout le monde dit « ok ». Je récupère peu à peu, et je retrouve le sourire parce que j’ai réussi. En 14’ ce qui est honorable ! Sur une plus longue distance je n’aurais pas tenu ce rythme, mais finalement on a bien bossé Chloé et moi !

J’ai tout un comité d’accueil qui m’attend, qui me félicite… Et je découvre que les sportifs sont vraiment bienveillants. Eux, ils se préparent à « faire un temps » au 5 ou au 10km. Et pourtant ils saluent ma « performance », et sont heureux pour moi. Et ça, je peux vous dire, ça m’a énormément aidé. Alors merci à vous, les copains.

Dans la foulée, Mika a « vite » fait ses 5km en moins de 20’, vite fait quoi. Et nous sommes rentrés, unis par une nouvelle passion commune. Prochain objectif ? 5km, 15 jours plus tard… Et à ce moment-là, plus rien ne me semblait impossible.

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commentaires
D
Je ne pense pas que c'est triché. En tout cas bravo pour toutes ces belles performances. The warrior
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A
Bravo pour ta performance. Bonne prochaine course.
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Merci :) entre temps j’en ai fait un paquet et ça y est je cours 10km
S
Non c'est pas de la triche lol, c'est de la préparation bravo ma tortue ;-)
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Je savais que tu dirais ça
M
Félicitation !!! Très belle performance !
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T
Merci :) <br />

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