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2019-06-09T17:37:12+02:00

Pourquoi cette fois ci j'irai au bout

Publié par Estelle Lang Trommenschlager

 

Chers lecteurs, chères lectrices

Nous ne sommes pas le 1er janvier, et j’aurais mille et une raison de ne pas vous raconter cette histoire. La superstition, la peur de ne pas arriver au bout, et de ce fait de devoir reconnaître publiquement mon échec, ou tout simplement parce que plus ça va plus on s’écarte du sujet principal… Mais :

  • je ne suis pas superstitieuse
  • les échecs font aussi avancer et de toute façon je suis sereine face à cette décision
  • on est en plein dedans, de ce fameux sujet. Dans la suite de mon histoire, et la manière dont moi je veux sortir d’une spirale qui m’enferme depuis trop longtemps.

Nous ne sommes pas le 1er janvier, et finalement c’est peut-être ça aussi qui va me permettre de ne pas faire de promesse de lendemain de fête, et me permettre de m’inscrire dans un engagement muri et réfléchi.

 

Comme d’habitude, je plante un peu le décor.

Enfant, je suis une petite nana qui ne se sent pas hyper à son avantage dans son corps, un peu popotte, voire grassouillette… C’est ainsi que je me voyais, mais aujourd’hui, quand je regarde mes albums photo, je ne comprends pas trop d’où me venait cette image, car j’étais juste parfaitement équilibrée. Ni trop mince ni trop grosse, juste bien. Je ne me sentais pas très à l’aise, et avec mon look garçon manqué, toujours flanquée de ma salopette, de mes t-shirts extra larges, et de mes baskets oranges et bleues que détestait mon amie Julie, j’avais trouvé ma façon à moi de compenser. Ca, et mon sens de l’humour, qui faisait de moi le bout en train de la bande, la copine de tout le monde.

Après le lycée, j’ai rencontré des filles qui, tout en étant un peu garçon manqué comme moi, arrivaient à s’habiller de façon à montrer qu’elles étaient des filles, et qu’elles pouvaient plaire aux garçons tout en se plaisant à elles même. Je pense notamment à ma copine Stef, qui m’a prêté quelques temps ses « Art », des chaussures que j’ai adoré, et qui ont fini par remplacer mes éternelles Doc Marten’s. A cette époque, je pesais environ 50kg pour mon 1m57, et je portais du 34. Jean’s pates d’eph typés un peu hippies avec des bandes colorées ou des franges, des t-shirt moulants avec des dessins un peu basics, comme des nounours, un panda ou… une tortue ! Oui, celui-là même à l’origine de mon petit surnom… C’était la mode à l’époque. Je les collectionnais, ces t-shirts, tout à fait en adéquation avec mon caractère, mon côté fofolle, gamine pour l’éternité, et plutôt flatteurs. Enfin, j’avais trouvé une façon de me sentir parfaitement adaptée dans ce monde. Parfois, ça tient à pas grand-chose. C’est fou, hein !

Quand j’ai rencontré Mika, j’avais tout juste 20 ans, et j’en étais donc là, enfin en phase avec moi-même, et pleinement consciente de mon pouvoir de séduction. Ca a plutôt bien fonctionné, si on fait le bilan…

La vie de couple n’a fait qu’accroître le bien être que je ressentais dans ma vie… et j’ai sur les premières années, pris une quinzaine de kilos qui m’allaient plutôt bien. Bye bye les jean’s taille 34-36, bonjour le 38, et je n’ai jamais eu ni envie ni besoin de faire quoi que ce soit concernant mon poids. Je me suis mariée dans une magnifique robe blanche qui m’allait à la perfection, et j’avais de bonnes joues que mon papa a toujours adorées. En prime, le jour où nous nous sommes dit « oui » pour la vie, nous avons su que Chloé s’était fait une place dans mon ventre et à partir de là, la question ne se posait carrément plus.

J’ai pris 18kg pendant ma première grossesse… J’ai enchainé avec la seconde, une prise de 18kg aussi sans avoir vraiment eu le temps de perdre les premiers, et quand Elise est née alors que Chloé avait 13 mois et demi, je pesais 87kg… mais je n’avais pas grandi. Autant dire que mon IMC avait explosé.

A partir de là, j’ai découvert que pour retrouver ma ligne de jeune fille, il allait me falloir faire un… beuuuuuuuuurk !!!!!! Un régime !!! Mais moi, j’adore manger ! Je suis super gourmande, et je n’ai jamais eu besoin de prendre garde à tout ça avant ! Il paraît que c’est héréditaire… Que dans la famille, on a tendance à prendre du poids dès qu’un changement s’opère dans le quotidien… Evènement heureux, évènement triste… Et bienvenue dans le monde des adultes Estelle ! Et au revoir les t-shirts stylisés dont celui avec la tortue…

Alors bon… J’ai fureté dans les bouquins de ma maman qui possédait la panoplie weight watchers, et qui s’est vue retrouver une taille mannequin après avoir mis au monde mon petit frère. J’ai aussi regardé les livres du dr Cohen qui proposait de compter les calories… et j’ai tant bien que mal perdu mes premiers kg. Mais j’avais faim, et surtout, si la balance me disait bravo, mes vêtements me disaient « ah bon t’as perdu du poids ? Ben on dirait pas ! »

Alors j’ai demandé à mon pote google de me trouver un régime qui serait rapide, efficace, et avec lequel je ne reprendrai pas le poids perdu. Et nous nous sommes mis d’accord sur celui du Dr Dukan.

Très controversé, j’ai tout d’abord acheté le bouquin. Je l’ai dévoré, et je me suis sentie parfaitement dans les clous pour tenter l’aventure. Il ne souffre aucun écart, aussi j’ai choisi d’attendre le bon moment pour débuter. Et j’ai attaqué en septembre 2007.

Très restrictif, il était impossible de ne pas en parler, parce que les repas hors de chez moi impliquaient soit une coopération de mes hôtes, soit un tupperware perso, qui ne manquerait pas de susciter questions et réflexions.

Très efficace, au bout d’un mois j’avais déjà tant perdu, et ça se voyait si bien, que j’ai embarqué avec moi dans mon sillage un certain nombre de personnes de mon entourage.

Finalement, fin novembre, j’avais atteint mon objectif de 57kg, et je suis passée en phase de consolidation de mon poids. Terrifiée à l’idée de voir la courbe s’inverser, j’ai suivi à la lettre la réintroduction de tous les aliments interdits durant la perte. La consigne était simple : 10 jours de consolidation par kilo perdu. J’ai donc navigué presque un an à ce rythme, puisque j’avais perdu 30kg. Et la surprise du chef ? J’ai perdu encore 3kg quand j’ai repris une alimentation normale.

Ensuite ? Je n’ai plus repris de poids jusqu’à la grossesse de Faustine en 2012. Un véritable succès. Et ce que j’ai pris à ce moment-là, je l’ai reperdu en me mettant au sport, et en ayant une vie équilibrée, des repas adaptés, un rythme normal.

Et je suis tombée malade…

Je suis désolée d’avoir pris tant de temps pour poser les éléments, mais ils sont à mon sens hyper importants pour comprendre la suite, pour comprendre où je me situe à ce jour.

Je dis toujours : « j’ai pris 20kg pendant la chimio ». Ce n’est pas tout à fait exact. D’abord, quand j’ai su que j’étais malade, j’ai stoppé net mon régime, même s’il me restait alors 2 ou 3 petits kg à perdre pour arriver au bout. Mais qui dit cancer, résonnait en moi en terme de perte de poids, maigreur, et je me disais qu’il me fallait faire quelques réserves.

Quand mon oncologue m’a dit « attention, vous allez sûrement prendre du poids pendant les traitements », je me suis dit qu’elle était folle… puis je me suis dit qu’en fait, je m’en fichais.

Quand j’ai souffert de nausées, et qu’en prime il faisait 40° sur quasiment toute la première phase des traitements, je n’ai que très peu mangé, et je n’ai pas pris un gramme.

Quand j’ai perdu le goût, j’ai perdu l’appétit, et je n’ai pas bougé d’un pouce non plus.

Et quand j’ai retrouvé le goût, que les nausées avaient disparues, et que je reprenais doucement courage et énergie, j’ai fêté ça en mangeant, en me faisant plaisir, en ne me mettant pas de limites… Et j’ai pris un petit peu de poids. Je me souvenais des recommandations de mon oncologue… mais je me disais « merde, j’ai quand même vécu un truc pas banal, laissez-moi profiter maintenant ». Oui je disais déjà pas mal de gros mots

La cortisone à haute dose me donnait faim. Une faim de loup, une faim démesurée, une faim compulsive… Et je mangeais de faim, je mangeais de plaisir, je mangeais de revanche, je mangeais de défi. Et j’ai peu à peu pris un peu de poids.

Puis les traitements ont pris fin, et avec ça l’hiver qui était là. Je mangeais pour me réchauffer. Parce que j’étais en vie. Parce qu’il serait toujours temps de voir ça quand viendrait le printemps. Que le bikini ne serait pas pour cette année entre les cicatrices et les rayons.

Avec le printemps, la nouvelle de ma mutation génétique. Et les nouvelles interventions. Enchainées. Et je me réconfortais dans la nourriture.

Puis l’été est arrivé. Et je me suis dit que ce n’était pas grave, que l’été prochain ça ira mieux.

Et mon entourage, tellement bienveillant, me disait sans arrêt : « mais non, ce n’est pas grave, tu te rends compte de tout ce que tu as vécu ? » En plus, ils avaient le mérite de tous sans exception me dire combien ils m’aimaient, même avec quelques kilos de plus. Des kilos d’amour.

Alors autant vous dire que j’ai essayé. De reprendre de bonnes habitudes. De perdre avec pour seule aide le sport. De commencer un régime le lundi matin pour l’arrêter le mardi soir. Il y a 2 ans, j’ai réussi à reperdre 10kg pour la communion d’Elise et les 60 ans de mon papa… Et cette année, j’avais réussi à les reprendre pour la profession de Foi de Chloé et les 60 ans de ma maman.

Je me suis abonnée à weight watchers. Puis je me suis désinscrite… au moins 3 fois… J’ai acheté les produits herbalife, et j’ai tenu un certain temps. Puis on a enchaîné les difficultés personnelles, et j’ai tout lâché. Et je savais que je n’y reviendrai jamais. Et j’ai repris tout ce que j’avais perdu.

Ensuite j’ai réfléchi. Et j’ai muri ma réflexion. Et j’ai interrogé Estelle de 2007, afin de comprendre pourquoi à l’époque, j’avais trouvé LA motivation. Pour une perte encore plus importante. Et pourquoi je n’avais rien lâché, quitte à ne pas toucher une goutte d’alcool, manger la moindre friandise, même en étant invitée… jamais… sans frustration.

La réponse s’est imposée à moi lorsque j’ai pris une photo de moi. Avant de re-re-re-re… commencer un régime, je me suis dit que j’allais me prendre en photo, nue, pour avoir un point de départ, et observer une évolution qui me redonnerait le courage s’il s’en allait. Je me vois pourtant tous les matins dans la glace, avant de m’habiller. Mais la photo a été un vrai déclic. Dessus, en gros plan : ma poitrine. Croco m’avait dit qu’on l’équilibrerait encore une fois quand j’aurais atteint mon poids de forme. C’est sûr que pour le moment je ne peux pas porter de soutien-gorge parce que rien ne me va vraiment. Alors je mets des brassières. Je me vois dans le miroir chaque matin, mais c’est en voyant cette photo que j’ai réalisé à quel point il y avait une différence entre mes deux seins. Et là, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je m’y mette. J’ai eu envie de pleurer. Ce corps meurtri, mutilé, réparé et toujours en chantier… Mais finalement, j’ai redressé la tête, et je me suis dit que j’étais prête. Aujourd’hui. Maintenant…

 

 

Alors j’ai recommencé Dukan. Il y aura 3 semaines demain. Et j’ai déjà perdu 4kg, sur les 15-20 dont je veux me débarrasser. Aucune frustration, aucune envie de faire un écart. Aucune fatigue, j’ai absolument tout ce qu’il me faut pour le mener à bien. Aucune situation à risque avant notre départ en vacances en août, mais d’ici là j’aurais fait du chemin déjà, et j’adapterai en fonction des résultats. Quitte à faire une pause et y revenir, pour profiter tout de même des moments bénis en famille.

Cette semaine, je suis allée avec Chloé faire les magasins, pour qu’elle se trouve une tenue pour sa profession de Foi. Elle s’habille dans les mêmes boutiques que moi, alors forcément, j’ai vu pleins de belles choses. Des choses que je ne peux pas me permettre de mettre. J’aurais pu en être malheureuse, comme toutes les dernières fois où en essayant des vêtements, même à la bonne taille, je me déplaisais. Et Estelle de 2007 m’a raconté à nouveau. Qu’à la fin de mon régime, j’avais été avec ma maman faire les soldes. Et que chaque jupe, short, pantalon, robe, qui me faisaient envie, m’allaient. Que chaque t-shirt, gilet, veste pull, qui me faisaient de l’œil, auraient pu faire partit de ma garde robe. Et je me suis rappelée la fierté ressentie alors. Alors j’ai raconté à Chloé. Et j’ai caressé les tissus, dévoré des yeux les ensembles, et me suis jurée de me retrouver. De me plaire à nouveau. De pouvoir me faire plaisir encore. De ne pas me laisser aller, pour toutes les bonnes et mauvaises raisons du monde. Et je me suis vue, dans quelques mois, arpenter les rayons, avec elle. Essayer des jupes, des robes, des pantalons et des hauts cintrés. Et lire dans les yeux de ma grande fille la fierté, parce que sa maman a déplacé une nouvelle montagne. Celle qu’elle avait décidé de faire bouger. Alors j’ai su. J’ai su que cette fois ci, j’irais jusqu’au bout. J’ai su que cette fois ci, rien ni personne ne se mettrait en travers de mon chemin. J’ai su que je pourrais vous en parler, me raconter à l’avance, et que je n’avais plus à avoir peur de l’échec.
Je sais que je suis prête, que je suis au bon endroit, au bon moment. Qu’il est l’heure pour moi de rebondir. De foncer. D’agir. Que sans effort pas de résultats, mais que cet effort, je suis aujourd’hui en mesure de l’apporter. Avant, ce n’était pas le cas. Avant, je me débattais sans arriver à sortir la tête de l’eau, parce que ce n’était pas le moment. Aujourd’hui : si.

Vous voulez m’aider ? Si vous m’invitez, laissez-moi apporter ma gamelle. Laissez-moi vous dire « non merci » pour la part de dessert ou l’apéro. Ne vous excusez pas de profiter de la vie, car moi aussi je vais en profiter. Et un jour viendra où on trinquera ensemble. Ne vous inquiétez pas, je continue de cuisiner pour mes enfants, mon mari, mes invités. Parce que je suis tellement sûre de ma décision, que rien de tout cela ne me pèse. Et si vous trouvez que ça se voit, surtout n’hésitez pas à me le dire ! Les compliments sont des encouragements en or. Ils sont une façon de me conforter encore plus dans l’idée que je suis dans la vérité.

Et j’en prends l’engagement : en 2020, je me rachèterai enfin des soutiens gorges. Ca peut sembler idiot, comme proclamation. Et pourtant, si vous saviez l’importance que ça revêt pour moi !

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commentaires
L
Merci Estelle. Depuis notre rencontre à la Steinsoultzoise j’ai dévoré votre livre la nuit suivante ( encore beaucoup de nuits difficiles) et j’ai picoré tout votre blog depuis sa création. Je me sens plus armée pour la suite de mon combat... J’ai hâte de vous lire la prochaine fois.... Laurie
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T
Merci Laurie pour ce gentil commentaire laissé! Je suis heureuse si vous trouvez en mes mots du réconfort et du soutien. Je suis toujours disponible pour échanger, si vous avez envie et/ou besoin!<br /> Bon courage pour la suite!!! Estelle
A
Bon courage, je sais combien c'est difficile de tenir un régime en été.
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